Seconde guerre mondiale, mois après mois. Avril 1942

© RIA Novosti . Evgeniy Khaldey / Accéder à la base multimédiaSeconde guerre mondiale, mois après mois. Avril 1942
Seconde guerre mondiale, mois après mois. Avril 1942 - Sputnik Afrique
S'abonner
Avril 1942, 32e mois de la Seconde Guerre mondiale. La bataille de Moscou est terminée, la Wehrmacht a connu une défaite stratégique grave sous les murs de la capitale soviétique. En raison de l'affaiblissement des capacités opérationnelles de ses fronts Ouest et Kalinine, l'Armée rouge s'est retranchée en défense, rassemblant ses forces pour une nouvelle offensive décisive.

Avril 1942, 32e mois de la Seconde Guerre mondiale. La bataille de Moscou est terminée, la Wehrmacht a connu une défaite stratégique grave sous les murs de la capitale soviétique. En raison de l'affaiblissement des capacités opérationnelles de ses fronts Ouest et Kalinine, l'Armée rouge s'est retranchée en défense, rassemblant ses forces pour une nouvelle offensive décisive. A leur tour, les Allemands se préparaient à porter un coup préventif. Entre-temps, les forces alliées dans les Philippines se sont rendues à l'armée japonaise.

La mort d'un brave

Les événements les plus importants ont eu lieu dans la zone centrale du front germano-soviétique, où se sont affrontées dans un combat à mort les armées soviétiques des généraux Joukov et Konev, d'une part, et les troupes allemandes du feld-maréchal von Kluge, de l'autre. L'exigence de Staline d'éliminer dans les plus brefs délais le groupe Rjev-Viazma de l'ennemi pour avril 1942 n'a pas été remplie. Il a également été impossible de sauver la 33e armée du général Efremov encerclée au sud de Viazma. Les Allemands ont repoussé la 50e armée qui venait au secours de l'armée d'Efremov en arrêtant l'offensive soviétique à deux kilomètres des positions de la 33e armée.

Le lendemain, le 16 avril, le général Franz Halder, chef de l'Etat-major général allemand, a écrit avec mélancolie dans son journal: "La 33e armée russe est anéantie." Cependant son agonie a duré encore plusieurs jours. Les combats exténuants ayant duré plusieurs mois, le manque de nourriture et l'absence de munitions ont épuisé l'armée. Prenant conscience de la gravité de la situation, la Stavka (commandement suprême des forces armées soviétiques) a envoyé un avion pour récupérer Mikhaïl Efremov. Mais le général a refusé d'abandonner ses combattants éreintés et a envoyé vers les arrières les étendards de son armée.

Le 19 avril, grièvement blessé et ne voulant pas être fait prisonnier, Efremov s'est suicidé. Le chef de l'artillerie de l'armée, le général Afanassiev, et pratiquement tout l'état-major sont tombés avec lui.

Selon les témoins, les Allemands ont enterré le général Efremov avec tous les honneurs militaires, et le général allemand, en s'adressant à ses soldats, a déclaré: "Combattez pour l'Allemagne avec autant de courage que le général Efremov s'est battu pour la Russie."

En 1996, le général Efremov a reçu le titre de Héros de la Fédération de Russie à titre posthume par décret présidentiel.

Certains commandants qui avaient réussi à sortir de l'encerclement ont été rendus responsables de la catastrophe de la 33e armée. En particulier, en avril 1942 "pour inaction lors de la sortie de la division de l'encerclement" le tribunal militaire a condamné à mort le colonel Androussenko, chef de la 329e division de tirailleurs. Cependant, la sentence a été commuée en une peine de 10 de prison assortie de son envoi dans l'armée. Il a été nommé chef de la 115e brigade de tirailleurs, puis a reçu le titre de Héros de l'Union soviétique pour le courage et héroïsme dont il a fait preuve lors du passage du Dniepr.

Aucun ordre n'a été exécuté par les troupes à temps

Le supérieur d'Efremov, le général Joukov commandant le Front Ouest, estimait que le chef de la 33e armée était lui-même responsable de son encerclement. Le document signé par Joukov en 1942 rapporte que personne, hormis le chef de la 33e armée, n'était responsable de l'interception de ses transmissions par l'ennemi.

Mais dans le rapport de la Direction opérationnelle de l'Etat-major général de l'Armée rouge (préparé pour l'été 1942) à l'issue des combats de Viazma, il était dit que "la 33e armée s'était courageusement et honnêtement battue jusqu'au bout, complètement encerclée pendant deux mois et demi, tout en infligeant de lourdes pertes aux troupes de l'ennemi et en bloquant une grande partie de ses forces par ses actions."

Par ailleurs, les officiers de l'Etat-major général ont constaté de sérieuses erreurs dans les actions de Joukov qui, selon eux, avait mal évalué les capacités opérationnelles de l'ennemi et s'était attaqué à plusieurs cibles à la fois.

Le document constatait que les "ordres tonitruants donnés par le commandant du Front Ouest étaient impossible à accomplir. Durant toute l'opération, aucun ordre n'a été rempli dans les temps par les troupes. Ces ordres restaient un papier inutile qui ne reflétait pas la situation réelle des troupes et n'étaient pas un véritable document opérationnel. Et la précipitation dont a fait preuve le commandement du Front Ouest, a affecté les troupes et infligé un grand préjudice à la cause."

Toutefois, il ne faut pas oublier que Joukov n'était que le "vecteur" des ordres donnés par le Chef suprême en la personne de Staline. Plus tard, dans ses mémoires, Gueorgui Joukov a qualifié Efremov de chef militaire talentueux et courageux.

La bête blessée se rebiffe

Le 20 avril, en raison du dégel et l'affaiblissement des capacités offensives des troupes, la Stavka a ordonné aux Fronts Ouest et Kalinine de se mettre sur la défensive. Même si l'armée soviétique n'a pas réussi à détruire le groupe d'armée Centre, les Allemands ont subi une grave défaite stratégique sous les murs de Moscou. Leurs troupes ont été repoussées de 100-250 kilomètres.

Après la guerre, le général Kurt von Tippelskirch a écrit que "depuis que les Allemands ont pour la première fois perdu l'initiative près de Moscou, après avoir subi les premières défaites, leurs stratégie a acquis une nature pathologique." Il voulait parler de la diminution de la souplesse dans le commandement des troupes de la part d'Hitler, pour qui tenir les territoires conquis devenait plus important qu'éliminer l'ennemi. Et ce, à tout prix. Par la suite, cela conduira à une catastrophe stratégique de la 6e armée à Stalingrad, lorsque le Führer lui interdira de battre en retraite.

Un collègue de von Tippelskirch, le général Günther Blumentritt faisait remarquer que la bataille de Moscou avait fait subir à l'Allemagne un premier préjudice gravissime aussi bien sur le plan politique que militaire. Cependant, la Wehrmacht demeurait encore extrêmement puissante sur tous les plans.

Le 21 avril, dans le secteur du Front Nord-Ouest, les Allemands ont réussi à rejoindre leur groupe encerclé près de Demiansk. Les tentatives des 11e et 1e armées de choc soviétiques pour empêcher cette manœuvre ont échoué.

Au sud du pays, l'offensive des troupes du Front de Crimée des 9-11 avril a été repoussée par la 11e armée allemande. Comme l'a constaté plus tard dans ses mémoires le commandant de la 11e armée, le général von Manstein, "la force offensive de l'ennemi était cette fois définitivement épuisée."

Les alliés finlandais de l'Allemagne n'avaient pas non plus perdu leur potentiel opérationnel, ce qui a été mis en évidence par l'échec de l'opération de Kestenga lancée par le Front soviétique de Carélie le 24 avril. Afin de rendre la manœuvre des Finlandais plus difficile, presque en même temps, le 28 avril a été lancée l'opération de Mourmansk, à laquelle ont participé non seulement le Front de Carélie, mais également la flotte soviétique du Nord. Les deux opérations n'ont pas permis d'effectuer une percée et se sont enrayées en mai 1942. L'Armée rouge est passée à la défensive à cet endroit également. Fin avril, les deux camps accumulaient leurs forces pour une bataille décisive en été.

La marche de la mort

Avril 1942 est devenu une des pages noires de l'histoire de l'armée américaine. Le 9 avril, sous la pression des Japonais, le général King, l'un des commandants des troupes filippo-américaines de Bataan (province des Philippines), a capitulé.

Au final, 78.000 soldats ont été faits prisonniers, dont près de 12.000 étaient américains. Jamais autant de soldats combattant sous le drapeau américain ne s'étaient encore rendus à un ennemi en même temps.

Puis les Japonais ont envoyé pour une longue marche de la mort de plusieurs jours et longue de 97 kilomètres 75.000 prisonniers, dont seulement 54.000 sont arrivés à destination en marchant sur des routes détruites et dans un épais nuage de poussière. Les autres sont morts de soif, de chaleur ou ont été tués sans raison par les gardes. Certains ont réussi à fuir.

Les Alliées ont fait payer aux Japonais ce traitement infligé aux prisonniers. Après la guerre, le général japonais Masaharu Homma, dont les troupes s'étaient emparées de Bataan, a été condamné pour crimes de guerre et fusillé aux alentours de la capitale philippine, Manille, malgré le fait qu'il avait affirmé n'avoir eu connaissance de la marche de la mort de Bataan que deux mois plus tard. Quant au général King, il a été retenu prisonnier pendant trois ans et demi et a pris sa retraire à son retour aux Etats-Unis. Sa carrière militaire était terminée.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала