Lorsque l’argent de la drogue finance le terrorisme

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Parmi les sources de financement du terrorisme international, l’argent de la drogue blanchi occupe une place de premier plan.

Parmi les sources de financement du terrorisme international, l’argent de la drogue blanchi occupe une place de premier plan. Ainsi, lorsque les troupes de l’Otan auront quitté l’Afghanistan, il y a fort à parier que l’Asie centre, la Russie et l’ensemble de l’Europe connaitront une libéralisation des flux de narcotiques. 

Mais pour les Etats-Unis, l’Asie centrale est moins préoccupante que le développement des consommateurs de narcotiques sur son propre sol. Selon Washington, le crack n’y épargne personne. En principe, la cocaïne ne peut être fumée que sous deux formes : soit par le mélange de la pâte base de la cocaïne à du tabac ou à du cannabis, soit par l’extraction du chlorhydrate de cocaïne par un biais chimique afin de libérer l’alcaloïde. L’une des formes connues de la cocaïne base est le crack, qui s’est imposé sur le marché dans les années 1970. Sa consommation continue d’augmenter en fonction de l’offre et de la demande dans les Amériques, surtout au Brésil (Sao Paulo…), avec des circuits de financements proches de ceux de la cocaïne.

Les premiers signes de transformation de la cocaïne base apparaissent au Pérou, pour s’étendre au Venezuela, aux Etats-Unis et à l’ensemble du monde. Progressivement, le procédé pour fumer la cocaïne se modifie. Certains y ajoutent de l’éther et chauffe le mélange, qui devient une pâte extrêmement dure. C’est ce résidu durci à base de cristaux qui s’appelle le crack (mot qui a été tiré du bruit que les cristaux émettent lorsqu’ils se consument). Egalement travaillé avec du rhum, du bicarbonate de soude ou du bicarbonate de sodium, il suscite une dépendance rapide pour des effets prolongés et provoquent des défaillances physiques irréparables. Le marché va s’étendre aux Caraïbes… Paris, Londres, Hambourg, Moscou sont touchés. Les consommateurs se trouvent dans les couches paupérisées des populations, celles qui n’ont pas les moyens de se fournir en cocaïne pure ou héroïne. La douleur créé la dépendance.

Dans le cas de l’Europe et de la Russie, la filière des Antilles et caraïbes alimente le marché. En Russie, la première porte d’entrée du crack a été Saint-Pétersbourg dans le début des années 1990. Les gangs criminels internationaux comprennent rapidement l’intérêt des drogues de synthèse pour les plus pauvres et vont favoriser le développement de nouvelles substances. En Russie, le crack continue d’avoir ses consommateurs mais d’autres substances toxiques comme le Krokodil connaissent leurs adeptes pour un prix cinq fois moins cher que la cocaïne. Synthétisée à partir de codeïne, ce dérivé de morphine en vente libre en Russie (le gouvernement promet cette année d’exiger une ordonnance pour la codéïne), la désomorphine, est appelée « krokodil » pour les marques vertes qu’elle dissémine sur la peau autour de l’endroit de l’injection. Il concerne au bas mot 100000 Russes et aurait fait son apparition en Pologne. L’imagination des marchands de mort n’a donc pas de limite et, comme le laissait récemment entendre un fonctionnaire du ministère français de la Santé, « il est temps que les Etats s’unissent de façon coercitive contre un fléau dont les ramifications financière opaques servent les intérêts terroristes ».

L’activité criminelle mondiale brasse plus de 1000 milliards de dollars par an. Avec plus de 210 millions de consommateurs de drogues dans le monde, le flux financiers refuse de s’assécher. Et les circuits de blanchiment devraient continuer d’alimenter certaines guerres comme celle du Sahel, par exemple. En France, le sujet est prioritaire et le prochain gouvernement, de gauche comme de droite, promet de d’efforcer de lutter contre les sociétés fiduciaires et autres banques liées à des activités de blanchiment surtout dans l’immobilier et dans le prosélytisme fondamentaliste. Difficile, cependant, d’être optimisme dans un monde où le règne de l’Argent-Roi atomise les considérations morales et le respect d’Autrui…


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

*Arnaud Kalika, Directeur du séminaire Russie-CEI à l’université Paris II, auteur de Le système du pouvoir russe, CNRS Editions, 2008.

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