DSK payera pour avoir été un homme peu ordinaire

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Peu importe le verdict qui sera prononcé cette semaine par le tribunal de New York sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI).

Peu importe le verdict qui sera prononcé cette semaine par le tribunal de New York sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI).

Ce n'est pas le même procès qu'en été dernier, lorsqu'il était question d'une peine de prison.

Cette fois il ne s'agit que de l'argent que souhaite empocher la femme de chambre du Sofitel qui l'accusait de viol ou au minimum de harcèlement sexuel. Pour quelle raison Strauss-Kahn devra-t-il lui verser de l'argent si en août dernier les juges ont rejeté l'action pénale engagée par la femme de chambre?

La dignité féminine volée

Strauss-Kahn est actuellement jugé aux Etats-Unis et en Europe. Les Européens l'accusent de proxénétisme (et auparavant il était inculpé dans une affaire similaire pour harcèlement sexuel). Les procès européens seront très longs. Mais le juge de New York a promis d'annonсer le verdict rapidement. Toute l'information sur la plainte de la femme de chambre Nafissatou Diallo contre l'ex-directeur du FMI se trouve dans une rubrique spéciale du New York Times, une sorte de dossier sur Strauss-Kahn constamment mis à jour.

Voici à quoi cela ressemble succinctement: la plainte a été déposée le 8 août dernier lorsque l’action pénale était encore en cours d’examen. La motivation de la plainte était le "vol de sa dignité féminine". Le 22 août, le tribunal a rejetée l'action pénale, en gardant la plainte au civil. Le prix de la dignité féminine n'est pas cité, mais de toute façon l'accusé est une personne très aisée.

Mais on se demande alors pourquoi Dominique Strauss-Kahn n'a pas porté plainte contre la femme de chambre en exigeant une indemnité de serait-ce que de dix dollars pour le préjudice moral subi. Cela aurait remédié ou empêché beaucoup de maux. Car cette histoire de Sofitel et tout ce qui a suivi ne concerne pas la vie sexuelle du Français hyperactif, il s'agit de la colère ouverte et bouillante qui ne trouve pas sur qui s'abattre dans notre monde complexe.

Qui est DSK?

Faisons une expérience et demandons qui est Dominique Strauss-Kahn? Voyons, c'est l'obsédé sexuel qui le 14 mai  2011 a surgi nu de la salle de bain d'un hôtel new-yorkais, a vu une femme de chambre peu attirante, et avec l'énergie d'un adolescent a commencé à la harceler. Et auparavant une Française lui avait demandé de lui accorder une interview, mais il l'avait mal comprise. Et entre temps il y a eu des soirées avec des filles, et il en a fait un business…

Bref, une honte pour le monde civilisé, un gorille sexuel sans "muselière". La castration chimique ou autre est tout ce qu'il mérite. Et dieu merci qu'il ne soit pas pédophile. Maintenant, revoyons la biographie de notre héros pour savoir ce qu'il a réussi d'autre dans la vie, hormis d'avoir terrorisé des femmes.

Il s'avère qu'il est devenu professeur d'économie à 28 ans, il a connu beaucoup de réussite lorsqu'il était ministre de l'Economie et des Finances, mais surtout, il a pratiquement sauvé le monde au poste de directeur du FMI lorsque la crise de 2008 a commencé. Pas tout seul, bien sûr, mais les spécialistes parlent encore de son rôle crucial durant ces mois difficiles, et si à l'époque les Européens avaient suivi ses conseils, il y aurait moins de troubles à l'heure actuelle.

Bernard Henri-Lévy a également donné son appréciation de DSK, qui montre une fois de plus que notre héros aurait pu devenir un très bon président français et n'est pas seulement intéressant par son rapport aux femmes.

Regardons sur l'étagère des biographies des personnalités remarquables et nous verrons facilement que la nature a beaucoup d'humour. Il n'y a pratiquement aucun homme normal parmi ces gens "remarquables". Apprécier chez les femmes la quantité plutôt que la qualité n'est, apparemment, pas la plus excusable de leurs étrangetés.

La réputation est faite par le public

On pourrait même développer en disant que la réputation d'un homme peu ordinaire aux yeux du public parle plus du public que de l'homme en question. Autrement dit, tu es ce que tu penses des gens "compliqués", tels que Strauss-Kahn.

Il convient de noter que le public russe est très différent de celui des Etats-Unis et de l'Europe. En analysant sur le site LiveJournal la réaction des Russes à ce sujet, tout tourne forcément autour de la théorie du complot. Première version: le président français Nicolas Sarkozy est derrière tous ces événements, en éliminant de cette façon non seulement son principal rival à la présidentielle du 22 avril, mais indirectement l'ensemble du parti socialiste. Deuxième version: Sarkozy a été aidé par les Etats-Unis, car Washington préférait nettement le président français. Troisième version: alors qu'il était directeur du FMI Strauss-Kahn a marché sur les pieds des USA, et chacun sait que les finances sont un point très sensible pour les Etats-Unis à l'heure actuelle. Et ainsi de suite.

Mais je voudrais attirer l'attention sur les discussions menées durant cette période par les Américains et les Européens. Plus précisément, les Américaines et les Européennes. Aucune théorie du complot, mais du début jusqu'à la fin on a parlé que de la dignité féminine outragée. En ajoutant à cela un autre motif: lui, l'élite financière mondiale, loue une chambre d'hôtel à 3.000 dollars la nuit (c'est la vérité) et pense que la femme de chambre est "comprise" dans le tarif! Et pendant le procès actuel à new York la défense a rappelé qu'il bénéficiait à l'époque de l'immunité diplomatique et ne pouvait pas être poursuivi – et là, c'est clairement un chiffon rouge!

Nous assistons à un cas de sursaut de colère avec un minimum de raisons. Récemment, des activistes ont protesté contre la venue de l'ex-directeur du FMI à Cambridge où il devait tenir une conférence. On leur a dit: les filles, personne au monde n'en sait autant sur les finances que DSK, cela vous serait utile. Pensez-vous que cela les a raisonnées?

Le mouvement féministe a très bien commencé, par la lutte pour le droit évident des femmes de voter et de faire le même travail que les hommes. Mais il a très mal tourné par la suite en se transformant (pas complètement mais de manière assez omniprésente) en une partie de la rage aveugle croissante des basses couches de la classe moyenne, qui a même fait de l'ombre au prolétariat de Marx avec son révolutionnarisme.

Evidemment, les féministes luttent contre les hommes (avec des conséquences catastrophiques pour les sociétés américano-européennes), mais la classe moyenne basse déteste dans l'ensemble autre chose. L'élite. Ceux qui ont réussi quelque chose. Des personnes extraordinaires. D'ailleurs, le héros de l'année dernière, Julian Assange, qui a dévoilé des documents confidentiels de la diplomatie américaine, est également avant tout un combattant contre toutes les élites. Et, ce qui est amusant, il est devenu une victime des féministes, à peu près de la même manière que Strauss-Kahn. Il existe une astuce – attraper ce qui dépasse grâce à une femme… Et le jeter en pâture aux féministes.

Tout cela est drôle jusqu'à l'instant où on comprend que la contagiosité de l'infériorité sociale de la couche basse de la classe moyenne est également un problème qui existe en Russie, dans la mesure où la classe moyenne russe a réussi à se mondialiser.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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