Résultat de la vague protestataire: les Russes moins désireux d'émigrer

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Le nombre de Russes souhaitant quitter leur pays a été divisé par deux au cours des neuf derniers mois, rapporte le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM). Les experts expliquent une réduction aussi significative des dispositions à émigrer au sein de la société russe par la hausse de l'activité citoyenne en décembre 2011 et la renaissance des espoirs de la classe créative en un avenir meilleur.

Le nombre de Russes souhaitant quitter leur pays a été divisé par deux au cours des neuf derniers mois, rapporte le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM). Les experts expliquent une réduction aussi significative des dispositions à émigrer au sein de la société russe par la hausse de l'activité citoyenne en décembre 2011 et la renaissance des espoirs de la classe créative en un avenir meilleur.

Selon le VTsIOM, entre juin 2011 et mars 2012, le pourcentage de la population souhaitant partir définitivement à l'étranger a été divisé par deux, passant de 22% à 11%. Par ailleurs, la fraction active de la jeunesse qui a soutenu le candidat Mikhaïl Prokhorov à la présidentielle, qui n'a pas d'enfants et ne craint pas de s'installer ailleurs, est la plus encline à émigrer étant dotée d'un optimisme naturel propre à son âge, estime Valeri Fedorov, directeur général du VTsIOM.

Les chercheurs ont découvert qu'aujourd'hui ceux qui expriment leur intention de quitter la Russie sont même moins nombreux qu'en 1991, lorsque 16% des interrogés souhaitaient émigrer. Par ailleurs, ceux qui déclarent ne pas vouloir quitter leur Patrie sont de plus en plus nombreux, et leur part a augmenté depuis juin en passant de 75 à 88%.

Pourquoi les Russes ont changé d'avis

La réduction aussi considérable du nombre de Russes souhaitant quitter leur pays ne peut pas être un phénomène aléatoire et s'explique, de toute évidence, par des raisons concrètes. Les sociologues n'ont pas encore réalisé d'études spécifiques à ce sujet, mais ils supposent qu'il existe deux causes principales.

Entre juin 2011 et mi-mars 2012, lorsque les sondages du VTsIOM ont été effectués, deux événements importants se sont produits, dont chacun a apporté sa contribution à la diminution des dispositions à émigrer. Il s'agit de l'intensification de l'activité protestataire en décembre 2011 et de la récente élection présidentielle, estime Valeri Fedorov.

"Les manifestations ont apporté à la classe créative et à la jeunesse en Russie l'espoir que tout ne va pas si mal, et qu'il faut se battre pour rendre la vie meilleure dans le pays", a expliqué le sociologue.

Le désir d'émigrer était principalement dû à l'impression apparue chez les jeunes que rien ne pouvait changer en Russie, que "ceux qui sont comme nous sont peu nombreux", que "nous n'y arriverons jamais", suppose Alexeï Makarkine, premier vice-président du Centre des technologies politiques.

Selon lui, les manifestations qui se sont tenues au cours de l'hiver dernier ont dans une certaine mesure remédié au désespoir et à la crainte de la population devant les autorités. Contrairement à leurs appréhensions, les manifestants n'ont pas été dispersés par la police, tout s'est déroulé dans le calme, avec même des éléments de carnaval.

"Je pense que les manifestants ont eu à ce moment le sentiment d'être nombreux." Ils ont compris qu'ils n'étaient pas aussi désespérément en minorité, contrairement à ce qu'il leur semblait auparavant, et qu'ils pouvaient influencer ou changer quelque chose, et que par conséquent il fallait tenter de le faire. Il suffit de rappeler la création du mouvement des observateurs au moment des élections", a déclaré le politologue à RIA Novosti.

Les personnes qui ont participé aux manifestations ne sont pas les seuls individus dont la conscience sociale à changé, estime Alexeï Makarkine. Les statistiques ont été peut-être plus influencées par les groupes de compatissants qui ne sont pas descendus dans la rue mais qui ont suivi de près les actions de protestation sur internet ou à la télévision.

Quoi qu'il en soit, la décroissance des dispositions à émigrer est directement liée à l'intensification de l'activité civique au sein de la société.

Toutefois, il convient de noter que lorsqu'un individu déclare vouloir partir, cela ne signifie absolument pas qu'il a réellement l'intention de le faire, font remarquer les experts. Les déclarations de ce genre doivent être interprétées comme une expression de mécontentement.

"Lorsqu'on pose la question: "Quand souhaitez-vous partir?", pratiquement la moitié des interrogés répondent: "Peut-être dans une dizaine d'années." Autant dire jamais", a expliqué le chef du VTsIOM.

Les promesses de campagne sont un facteur discutable

Le deuxième facteur de diminution de la volonté de quitter le pays, selon Valeri Fedorov, est la récente élection présidentielle accompagnée de nombreuses promesses et affirmations selon lesquelles l'avenir sera meilleur et que tous les coupables de tous les maux seront sanctionnés.

"Les élections contribuent toujours à la hausse de l'optimisme social, a-t-il expliqué. Les promesses du gouvernement réduisent les dispositions à émigrer d'une large partie de la population, qui est plus pauvre que la classe créative, moins informée et moins instruite, est plus encline au paternalisme."

Alexeï Makarkine n'est pas de cet avis. Selon lui, cette partie de la population russe, qui a majoritairement voté pour le gouvernement, compte justement sur lui, et pour cette raison n'avait pas et n'a pas l'intention de partir.

"Peut-être certains d'entre eux, sur le coup de l'émotion, ont dit: "Pourquoi ne pas partir!" Mais dans l'ensemble, ni les manifestations, ni les campagnes électorales, ni les promesses des candidats n'ont provoqué de changements particuliers dans les dispositions de ces gens. Ils sentent que nulle part ailleurs, hormis la Russie, ils ne pourront se montrer utiles", a fait remarquer le politologue.

Le changement brusque dans les sentiments sociaux et, notamment, dans les dispositions à émigrer soulèvent naturellement la question suivante: combien de temps durera l'optimisme des Russes? Ne retomberont-ils pas dans les prochains mois dans une nouvelle dépression, les jeunes ne tourneront-ils pas à nouveau leur regard rêveur en direction de l'Occident?

Cela pourrait tout à fait se produire si des changements sur lesquels compte la société russe ne sont pas mis en œuvre, estime le premier vice-ministre du Centre des technologies politiques Alexeï Makarkine.

"Si les Russes recevaient des opportunités supplémentaires, des ascenseurs sociaux, s'ils ressentaient que la situation a réellement commencé à changer, alors le pourcentage des personnes souhaitant partir resterait aussi bas qu'à l'heure actuelle. Mais si les gens avaient le sentiment que leurs espoirs ont été trompés, que rien ne change et que tout demeure comme avant, alors les velléités d'émigration croîtraient à nouveau", a-t-il conclu.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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