Référendum letton sur le russe: l'idiome national pourrait l'emporter

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Le référendum sur l’octroi à la langue russe du statut de seconde langue nationale se tiendra en Lettonie le 18 février.

Le référendum sur l’octroi à la langue russe du statut de seconde langue nationale se tiendra en Lettonie le 18 février.

Les Lettons russophones, membres de l’association "Pour la langue natale", qui ont commencé en juin 2011 à recueillir des signatures pour la tenue d'un référendum, ne pouvaient certainement pas imaginer à l’époque à quel point elle serait aujourd’hui "opportune" et "nécessaire" aux diverses forces politiques du pays, qui utilisent le plébiscite à venir avec beaucoup d’enthousiasme afin de promouvoir leurs opinions et objectifs.

Lettons, tenez bon


On comprend très bien les motivations de la nombreuse diaspora des Lettons russophones: élargir le domaine d’application de leur langue natale au moins jusqu’au niveau officiel, à défaut de devenir la seconde langue nationale. Notamment dans les régions du pays où la population russophone domine. Cette mesure était d'ailleurs recommandée depuis longtemps à la Lettonie – telles sont les dispositions de la Convention cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités ethniques.

Comme en témoignent également les statistiques, le russe, qui est la langue natale de pratiquement 40% de la population du pays, a un statut presque équivalent à celui du swahili ou de l'hindi.

Cependant, le plus paradoxal est que l’idée de l’organisation du référendum sur la langue russe ne profite pas aux initiateurs et aux partisans du plébiscite, mais avant tout à la coalition gouvernementale qui les critique.

Le pays qui ne s’est pas encore remis des conséquences catastrophiques de la crise de 2008-2009 risque d’être frappé par une seconde vague. Mais quel patriote letton oserait reprocher au cabinet de Valdis Dombrovskis son inertie en la matière, lorsque les dirigeants concentrent tous leurs efforts pour défendre la base de la souveraineté – la langue lettone? On entend également très distinctement la voix des nationalistes radicaux: "Lettons, ne baissez pas les bras!"

Les leaders de l’Alliance nationale "Tous pour la Lettonie – Pour la patrie et la liberté", Raivis Dzintars et Gaidis Berzins, ne cachent pas que le référendum doit devenir un "accord tacite en vertu duquel la Lettonie lettone est le but suprême du développement du pays."

Les anciens dirigeants politiques n’ont également pas laissé passer l’occasion de faire parler d’eux. L’ex-présidente Vaira Vike-Freiberga estime que les Lettons doivent être plus exigeants en termes d’utilisation quotidienne de la langue nationale. "Si dans un magasin le vendeur s’adresse au client en russe, il faut lui demander de parler letton."

L’ex-ministre des Affaires étrangères Girts Valdis Kristovskis est encore plus catégorique. Il a publié dans un quotidien letton un article appelant la population à faire front pour voter contre les amendements linguistiques de la constitution lettone.

Trop, c’est trop

Le surréalisme des batailles politiques lettones souligne une nouvelle fois le fait qu’en Lettonie pratiquement nul n’a de doute quant aux résultats du référendum. Le fait est que l’issue positive pour la langue russe nécessiterait la majorité absolue des voix, soit approximativement 770.000.

Selon les estimations des analystes, seulement 250.000-300.000 personnes dans le meilleur des cas soutiennent la langue russe en Lettonie. Et le nombre d’électeurs lettons participant aux référendums est généralement faible.

En dépit de l’agitation au sein de la population, seulement 44,7% ont voté en été 2011 pour la dissolution du parlement letton. Et aujourd’hui, ils ne seront certainement pas plus nombreux dans les bureaux de vote.

Selon le chef de la plus grande fraction parlementaire d’opposition Centre de l’harmonie, Janis Urbanovics, les russophones seront incités à se rendre aux urnes moins pour défendre le russe en tant que seconde langue nationale, que mus par le désir ardent d’organiser pour les autorités une sorte de "fête de la désobéissance." Selon lui, c’en est trop – l’heure est venue pour l’élite politique lettone de cesser d’ignorer l’opinion de ses concitoyens russophones.

Selon les résultats des sondages réalisés en janvier, dans trois circonscriptions électorales sur cinq (Vidzeme, Kurzeme et Zemgale), le nombre des partisans de la langue russe est très bas, entre 15 et 18%. Ils sont bien plus nombreux à Riga, avec 37,6%. En termes de proportions, ils dominent leurs rivaux seulement à Latgale (dans l’est du pays) avec 44,6% contre 38,6%, cependant que 16,8% restent indécis.

La mise en évidence aussi bien dans le pays qu’en dehors de l’échec de la politique nationale d’intégration des 20 dernières années sera la conséquence la plus amère des résultats du prochain référendum pour les autorités lettones.

Ce n’est pas une poignée d’extrémistes qui défend les droits des minorités ethniques, contrairement à ce qu’ont déclaré à maintes reprises les dirigeants lettons à Bruxelles. Ce sont leurs centaines de milliers de compatriotes. Il serait dangereux de l’ignorer.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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