Le gouvernement a maîtrisé l’inflation mais rien n'est gagné

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Apparemment les autorités russes ont enfin réussi à tenir une promesse de longue date: maîtriser l’inflation dont le taux est en 2011 le plus bas depuis 20 ans. Les experts expliquent le phénomène par la conjoncture macroéconomique favorable, la politique de la Banque centrale de Russie et le reflux des capitaux qui a réduit la masse monétaire.

Apparemment les autorités russes ont enfin réussi à tenir une promesse de longue date: maîtriser l’inflation dont le taux est en 2011 le plus bas depuis 20 ans. Les experts expliquent le phénomène par la conjoncture macroéconomique favorable, la politique de la Banque centrale de Russie et le reflux des capitaux qui a réduit la masse monétaire. Mais on ignore si le gouvernement russe réussira à maintenir cette tendance positive en 2012. Certains économistes estiment qu’en continuant à mener la politique actuelle de la Banque centrale, l’année prochaine l’inflation pourrait être encore plus basse. D’autres estiment que la situation macroéconomique en Russie et dans le monde contribuera à l’augmentation des prix.

Le pétrole a tenu le coup

Selon les informations de l’Agence russe des statistiques Rosstat publiées à cinq jours du Nouvel an, l’inflation dans le pays s’est élevée en 2011 à 6,1%. Evidemment, l’indice final sera quelque peu différent, mais non pas parce que les prix auraient pu monter en flèche en quelques jours, mais car les données préliminaires sont établies sur la base d'une liste réduite de produits, alors que les calculs définitifs sont effectués sur une nomenclature de 400 articles.

Néanmoins, les experts estiment que l’indice final sera pratiquement identique aux estimations. La hausse des prix à l’issue de l’année 2011 pourrait même être inférieure aux 6,5-6,7% prévus par les ministères russes des Finances et du Développement économique.

De cette manière, on constate que le gouvernement est enfin parvenu à inverser la tendance inflationniste, qui donnait des migraines aux autorités économiques russes depuis de nombreuses années.

Certains experts sont convaincus que la conjoncture économique favorable et les manœuvres politiques des autorités à la veille des législatives (de décembre 2011) et de la présidentielle (de mars 2012) ont joué un rôle important dans la victoire sur les prix.

"Selon les prévisions, le prix du pétrole devait être [en 2011] de 75 dollars le baril, mais en réalité il a dépassé 100 dollars. Cela a renforcé le rouble, déclare Igor Nikolaïev, directeur du département d’analyse stratégique de la société FBK. C’est la raison de la hausse pratiquement nulle du coût des importations qui ont un effet considérable sur l’inflation." De plus, cette année un autre facteur inflationniste extrêmement important n’a pas fonctionné: la hausse annuelle des charges communales et des tarifs des monopoles contrôlés par l’Etat. "Pour des raisons politiques l’indexation des tarifs a été reportée de janvier 2012 à une période ultérieure (juillet 2012)", rappelle Igor Nikolaïev. L’expert souligne que les producteurs et les vendeurs intègrent avec plusieurs mois d’avance la future hausse des tarifs au coût de leurs produits et services, ce qui contribue à la montée de l’inflation en automne et en hiver.

La météo et la Banque centrale

L’aspect météorologique est le dernier facteur conjoncturel mentionné par Evgueni Gavrilenkov, directeur du groupe Troïka Dialog. La saison agricole favorable après la sècheresse de l’année précédente a permis de freiner les prix des produits qui jouent généralement un rôle notable dans l’indice annuel de l’inflation.

Beaucoup d’experts sont convaincus qu’il ne s’agit pas seulement de la conjoncture, mais également d’une nouvelle politique des autorités économiques russes. "C’est cette politique monétaire différente, lorsque la Banque centrale a cessé de manipuler de manière abusive le taux de change du rouble et d’accumuler des réserves, qui permet au cours du rouble de varier dans un intervalle assez large, souligne Evgueni Gavrilenkov. Les interventions moindres de la Banque centrale ont conduit au ralentissement de la croissance de la masse monétaire."

Selon l’expert, l’excédent budgétaire a contribué à la réduction de la masse monétaire: le ministère russe des Finances n’a pas été contraint de puiser dans le Fonds de réserve afin de combler les trous budgétaires. Généralement, une telle injection de liquidité contribue également à la hausse de l’inflation. "Le ralentissement de la croissance de la masse monétaire et la hausse des taux interbancaires sont des facteurs qui conduisent à la diminution de la pression inflationniste", résume Evgueni Gavrilenkov.

Le reflux des capitaux, qui suscite certaines craintes parmi les économistes, a également joué en faveur du gouvernement russe dans la lutte contre l’inflation.

"Le reflux des capitaux a joué un rôle déflationniste, a déclaré Iaroslav Lissovolik, économiste en chef à Deutsche Bank en Russie. Une partie significative de la liquidité qui se forme grâce aux prix élevés du pétrole a quitté le pays. Ce reflux a gelé la hausse de l’offre de monnaie, ce qui a également contribué à la diminution de l’inflation."

La tendance se maintiendra-t-elle

Cette année le gouvernement russe pourra-t-il se maintenir au niveau atteint à défaut de pouvoir améliorer son succès? Les estimations des experts sont très divergentes. "En poursuivant une telle politique, c’est-à-dire la non ingérence de la Banque centrale de Russie dans la fixation du cours du rouble et le non financement du déficit budgétaire grâce à la saignée du fonds de réserve (mesures prévues pour l’année prochaine), il y a de grandes chances que le niveau d’inflation soit même inférieur", selon le pronostic d'Evgueni Gavrilenkov de Troïka Dialog.

Iaroslav Lissovolik reconnaît que la politique générale d’endiguement de l’inflation dans le contexte d’une dynamique accrue du cours du rouble demeurera. Cependant, il n’est pas convaincu que les autorités russes pourront rééditer l’exploit de l’année dernière. "L’année prochaine (en 2012), l’inflation sera très probablement légèrement supérieure et atteindra 7% selon nos prévisions, estime Iaroslav Lissovolik. Mais cela reste un taux relativement bas, et dans l’ensemble le niveau d’inflation sera inférieur aux taux que la Russie a connus ces dernières années."

En 2012, les facteurs macroéconomiques et politiques n’auront pas d’effet aussi important qu’en 2011, ce qui pourrait contribuer à l’augmentation des prix.

"Dans les premiers mois de 2012, rien de grave ne nous attend, avant tout car les prix seront freinés de gré ou de force. Il faut attendre que la présidentielle s’achève", déclare Igor Nikolaïev. Mais à partir de la seconde moitié de l’année, selon l’expert, plusieurs facteurs à la fois auront de l’importance: la hausse des prix postélectorale (s’ils sont gelés jusque-là), et l’augmentation des tarifs et des charges communales reportés de six mois. Enfin, la situation économique mondiale pourrait se dégrader considérablement, ce qui conduira à la baisse de la demande d’hydrocarbures, la réduction des recettes sur les exportations et l’affaiblissement du rouble. "Une inflation plus élevée nous attend dans le second semestre de 2012, affirme Igor Nikolaïev. Nous ne pourrons pas contenir l’inflation dans les limites du taux obtenu cette année. L’inflation ne sera pas critique, mais elle atteindra 8-9%."

 

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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