Le président syrien n’a plus aucune chance de rester au pouvoir

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Aujourd’hui, un nouveau projet de résolution sur la Syrie prévoyant une condamnation sévère des autorités de Damas pour la répression par la force des protestations devrait être présenté au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Aujourd’hui, un nouveau projet de résolution sur la Syrie prévoyant une condamnation sévère des autorités de Damas pour la répression par la force des protestations devrait être présenté au Conseil de sécurité des Nations Unies. Le texte du document a été préparé d’urgence par les pays occidentaux, qui se sont assuré au préalable le soutien des dirigeants arabes. La majorité d’entre eux ne croit plus que le président syrien Bachar al-Assad soit capable de rester au pouvoir. Il est de plus en plus évident qu’un changement de pouvoir se produit en Syrie sous nos yeux.

Trois jours ne sauveront pas al-Assad

Le nouveau projet de résolution fait son apparition seulement deux jours après l’ultimatum fixé au président syrien par la Ligue des Etats arabes (LEA). Le message a été adressé à
Bachar al-Assad le 16 novembre dans la capitale marocaine Rabat pendant la rencontre ministérielle des pays membres de la Ligue arabe. Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a également participé à cette réunion. Au début de la rencontre il a déclaré que "le régime syrien n’avait pas tenu sa promesse de mettre un terme à la violence et qu’il le paierait très cher".

Néanmoins, en dépit de la défiance croissante à l’égard du président syrien, il a été décidé à la réunion au Maroc de donner à Bachar al-Assad trois jours pour rétablir d’urgence le calme dans son pays. Ce délai expire samedi soir. Le cessez-le-feu doit intervenir d’ici là. De plus, les autorités syriennes doivent signer un protocole autorisant les observateurs de la LEA à se rendre prochainement dans le pays.

Comme on peut le voir, il reste peu de temps. On ne peut même pas qualifier cela de dernière chance. Il est clair que ni les Arabes, ni les Turcs ne croient dans le succès des efforts de médiation et se préparent à de grands bouleversements en Syrie. L’ultimatum actuel n’est qu’une formalité. Les Arabes et les Turcs ont plutôt voulu se donner plus de temps pour réfléchir que d’accorder un délai supplémentaire à al-Assad.

Il est difficile de penser que la stabilité sera rétablie en Syrie dans les heures qui restent avant la fin de ce délai. D’autant plus que cela ne dépend pas seulement du président al-Assad et de son entourage, mais également de l’opposition. Or cette dernière sent que le soutien extérieur devient de plus en plus fort. Dans ces conditions, lorsque le régime est de plus en plus instable, l’opposition ne veut pas négocier avec ses représentants.

Les Arabes et les Turcs se joindront aux sanctions

C’est la raison pour laquelle, sans attendre une réponse de la part d’al-Assad, les diplomates européens en étroite collaboration avec les arabes et les Turcs préparent une nouvelle résolution pour le Conseil de sécurité. Ils souhaitent organiser le vote le 22 novembre. Ils ne croient plus en aucune initiative pacifique. Le nombre de victimes du conflit en Syrie qui a commencé à la
mi-mars avoisine les 4.000 morts.

Parallèlement, on constate un effort pour isoler de plus en plus le régime syrien. A cet effet, si jamais la discussion du projet de résolution était retardée par la Russie et la Chine, des mesures unilatérales de contrainte continueront à être mises en œuvre contre Damas. Les pays européens et américains ont déjà adopté de nouvelles sanctions contre la Syrie.

La Turquie rompt également des contracts importants avec son voisin, or ce ne sont pas seulement des transactions militaires mais également des projets dans le secteur énergétique.
Et actuellement les membres de la Ligue arabe (22 pays avec la Syrie, mais cette dernière en a été exclue le 16 novembre) élaborent également des plans en vue d'instaurer un embargo économique.

La Russie appelle à faire pression sur l’opposition

Moscou a une attitude très critique envers ces plans et accuse les Européens, les Américains, les Turcs et les Arabes de mener une politique visant ouvertement à changer le régime.

"Cette politique pourrait conduire à une guerre civile en Syrie", a déclaré aujourd’hui à l’auteur de ces lignes Veniamine Popov, directeur du Centre du partenariat des civilisations de l’Institut russe des relations internationales (MGIMO) et ancien ambassadeur russe dans plusieurs pays arabes.

Il estime que la décision de la Ligue arabe sur l'exclusion de la Syrie est une "erreur".

Selon lui, les arabes auraient bien mieux fait de soutenir les efforts de la Russie visant à réconcilier les parties en conflit en Syrie, or pour cela il faut faire pression aussi bien sur les autorités que sur l’opposition.

C’est également la position officielle de la Russie. "Il est nécessaire de faire cesser la violence en Syrie, quelle que soit son origine. La violence en Syrie n’émane pas seulement de l’Etat, il y a de plus en plus d’armes dans le pays illégalement fournies par des pays voisins", a déclaré jeudi Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.

Le ministre constate déjà des prémisses de guerre civile en Syrie, par exemple, lorsque le 16 novembre des déserteurs de l’armée syrienne ont ouvert le feu sur le bureau du contre-espionnage près de Damas.

Au moins six agents des services de contre-espionnage ont été tués, et des dizaines ont été blessés. L’Armée syrienne libre a revendiqué cette attaque. Jeudi soir, ses combattants ont attaqué les bureaux du parti au pouvoir Baas dans diverses régions du pays.

En cas d’aggravation de la situation, la Turquie examine l’éventuelle entrée de son armée en Syrie pour créer une zone tampon dans le nord du pays. Le plus grand mouvement d’opposition, les Frères musulmans, a déclaré jeudi que le "peuple syrien réagirait bien plus calmement à l’ingérence de la Turquie qu'à celle des pays occidentaux, car ces actions seraient dictées par la volonté de protéger la population civile syrienne".

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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