La Palestine à l’Unesco: les USA cessent de financer l'organisation

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Lundi, la Conférence générale de l’Unesco a voté pour l’adhésion de la Palestine à cette organisation.

Lundi, la Conférence générale de l’Unesco a voté pour l’adhésion de la Palestine à cette organisation. Les Etats-Unis ont immédiatement annoncé la suspension du financement de l’Unesco. Or, la cotisation américaine dépasse 20% du budget de l’organisation. L’Unesco ne bénéficiera pas de la prochaine tranche de 60 millions de dollars que les Etats-Unis devaient allouer en novembre.

L’Unesco ne règlera pas le problème de l’appartenance des reliques historiques

La majorité des délégués ont salué la décision de la Conférence générale par une ovation. La résolution a été soutenue par 107 pays, dont la Russie et la France. 14 pays, dont la Suède, la République tchèque, l’Allemagne, l’Australie, le Canada, les Etats-Unis et Israël ont voté contre.

"Grâce à ce vote, la Palestine a récupéré une partie de ses droits et occupe désormais une position appropriée dans la famille des peuples de l’Unesco", a fait remarquer Riyad al-Malki, ministre palestinien des Affaires étrangères. Selon lui, "cette décision historique contribuera à la préservation de l’héritage culturel du monde entier."

L’Autorité palestinienne considère l’obtention du statut de membre à part entière de l’Unesco comme sa victoire politique, une nouvelle avancée vers la construction d’un Etat à part entière.

En réalité, ce n’est rien de plus que de la propagande. Il ne faut pas oublier que l’Unesco est une organisation de l’ONU qui n’est pas chargée de la politique mais des questions de l’éducation de la science et de la culture, et que "l’Etat palestinien" n’existe actuellement que sur le papier.

Bien sûr, en devenant membre à part entière de l’Unesco, la Palestine, ou plutôt l’Autorité palestinienne peut désormais soumettre à la discussion des questions sensibles telles que la préservation des reliques musulmanes de Jérusalem-Est (les mosquées Al Aqsa et d'Omar) et la construction par Israël de la barrière de séparation sur les frontières de l’Autorité palestinienne, chose à laquelle une grande partie de la communauté internationale s’oppose.

Bien sûr, la voix de la Palestine sera plus haute et forte qu’auparavant. Cependant, les décisions de l’Unesco, contrairement aux décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies, sont de nature consultative et ne sont pas obligatoires pour les pays membres de l’ONU.

L’Etat virtuel de Palestine ne pourra pas régler dans le cadre de l’Unesco son principal problème: la question de l’appartenance des reliques musulmanes de Jérusalem-Est (la Vielle ville), ainsi que des reliques chrétiennes de Bethléem et d’autres nombreux monuments anciens de l’histoire culturelle situés en territoire palestinien.

Au cours des 60 dernières années, Jérusalem-Est (la Vieille ville, centre historique de Jérusalem moderne), était et demeure l’une des principales causes du conflit israélo-arabe.

A l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948, elle a été occupée et annexée par la Transjordanie (ancienne appellation de la Jordanie) et restait entre les mains des arabes. En 1967, pendant la guerre des Six jours elle a été récupérée par Israël, et en 1980 a été annexée et proclamée capitale "éternelle et indivisible" d’Israël.

Il est à noter que la majorité des pays, dont l’URSS, n’ont pas reconnu l’annexion de Jérusalem-Est, que ce soit par la Transjordanie ou par Israël. En juillet 1994, en signant un traité de paix avec Israël, le roi Hussein de Jordanie a renoncé aux revendications de Jérusalem-Est au profit du futur Etat palestinien, mais de facto la Vieille ville est restée sous le contrôle des Israéliens.

La science-fiction

Le représentant d’Israël auprès de l’Unesco Nimrod Barkan a ridiculisé la décision prise. "Les pays qui ont voté oui ont adopté une version de science-fiction de la réalité en admettant un Etat qui n'existe pas."

Selon le représentant d’Israël, la question du changement du statut de la Palestine n’est pas du ressort de l’Unesco. Cela relève de la compétence du Conseil de sécurité des Nations Unies. "C’est une tentative de prendre un raccourci, mais cela ne fait que porter préjudice à l’image de l’Unesco et sème les graines de la discorde."

L’adhésion à l’Unesco ne dispense pas des négociations avec Israël

L’adhésion de la Palestine à l’Unesco et la demande d’adhésion à l’ONU ne sont pas une alternative aux négociations avec Israël, sans lesquelles la formation d’un Etat palestinien à part entière est impossible,  a déclaré Guennadi Gatilov, vice-ministre russe des Affaires étrangères à l’issue du vote au siège de l’Unesco.

Selon lui, "c’est un élément fondamental, car seules les négociations pourront permettre la formation d’un Etat palestinien à part entière et territorialement intègre", qui pourra vivre en paix avec Israël.

L’Unesco sera privée du financement américain

La réaction la plus brusque à la Conférence générale a été celle des Etats-Unis. La porte-parole du département d’Etat américain Victoria Nuland a déclaré que les Etats-Unis suspendraient le financement de cet organisme de l’ONU, et que les 60 millions de dollars qui devaient être alloués à l’Unesco en novembre ne seraient pas virés sur le compte de l’organisation.

Toutefois, les Etats-Unis demeurent membre de l’Unesco. La décision de Washington sera très douloureuse pour cette organisation, car la contribution américaine s’élève à plus de 20% du budget de l’Unesco.

Les monarchies riches du Golfe pourraient remédier aux conséquences de la décision des USA. Les diplomates russes n’excluent pas que les pays arabes, y compris l’Arabie saoudite, examineront les possibilités de compensation de ce que les Américains ne payeront pas pendant deux ans. Il est question du financement pour 2011 et 2012.

Actuellement, la souveraineté palestinienne est reconnue par 131 pays, soit plus de deux tiers des Etats du monde. Mais cela est insuffisant. L’octroi juridique du nouveau statut de la Palestine est impossible sans l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les Etats-Unis ont déjà annoncé qu’ils utiliseraient leur droit de veto contre toute décision relative à la reconnaissance de l’Etat palestinien tant que l’Autorité palestinienne n'aura pas normalisé ses relations avec Israël. Or, aucune normalisation n’est prévue à court terme.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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