OTAN et Russie vigilantes dans le ciel mais évasives sur l’ABM

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Le système américain de défense antimissile (ABM) pour l’Europe devrait faire l’objet de discussions lors de la future réunion Russie-OTAN à Bruxelles, mais on ignore quelle sera l’issue de ces entretiens.

Le système américain de défense antimissile (ABM) pour l’Europe devrait faire l’objet de discussions lors de la future réunion Russie-OTAN à Bruxelles, mais on ignore quelle sera l’issue de ces entretiens.

On mentionnait la préparation de certains "principes politiques d’approche" pour le règlement du problème de la défense antimissile. Moscou (Washington en est conscient) n’est pas préoccupé par la création d’un tel système, mais par sa configuration en 2020 lorsque la troisième zone de positionnement de défense sera créée avec de nouveaux systèmes d’interception stratégique. Ils seront en mesure de bloquer les missiles stratégiques russes.

Incompréhension mutuelle dans un contexte favorable

Les 8 et 9 juin, à Bruxelles l’OTAN organise une nouvelle réunion de 28 ministres de la Défense de l’Alliance et parallèlement la réunion du Conseil Russie-OTAN. Le dernier événement se déroulera dans un contexte favorable: du 6 au 10 juin les pilotes de chasse, les contrôleurs aériens, les services de défense antiaérienne, les agents des transmissions, les structures de commandement, etc. de l’OTAN et de la Russie organisent les premiers exercices aériens Ciel vigilant-2011.

Conjointement avec la Pologne, la Turquie et la Norvège, les militaires russes vont intercepter des terroristes imaginaires au-dessus de la Pologne, de la Russie, des pays Baltes et dans le ciel de la mer Noire. Afin d’éviter un scénario similaire au 11 septembre 2001. Ou pour empêcher que des personnes comme Mathias Rust atterrissent sur la place Rouge, où le jeune Allemand a posé son avion le 28 mai 1987. En bref, pour la première fois les systèmes de la Russie et de l’OTAN de surveillance de l’espace aérien, de contrôle du trafic aérien, etc. seront intégrés. C’est une bonne chose. Par contre, sur tous les autres plans l'incompréhension demeure, hélas, entre la Russie et l’OTAN.

Les militaires russes avaient déjà proposé à plusieurs reprises à leurs collègues américains des options de règlement du problème. De l’agencement d’un système conjoint en Azerbaïdjan (d’ailleurs, Bakou était d’accord) à la discussion des détails d’un futur complexe de défense antimissile (que ce soit en Roumanie, en Bulgarie, en Pologne, en Turquie ou ailleurs, la question n’est pas définitivement réglée).

Parmi les dernières tendances: la proposition de conclure un accord juridiquement contraignant avec des garanties claires stipulant que le système de l’OTAN ne sera pas utilisé - à moyen ou à long terme - pour bloquer le potentiel russe de missiles nucléaires.

La Russie a même déclaré (par la bouche du vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov) qu’elle ne s’opposait pas à l’ABM, mais que des paramètres concrets de restrictions devaient exister: en termes de vitesse, de nombre, de localisation, de quantité. 200-300 antimissiles est une chose, mais un ABM échelonné de 1.000 missiles en est une autre.

A Lisbonne, lors du sommer de l’OTAN l’an dernier, le président russe Dmitri Medvedev a proposé une "version sectorielle" de l’ABM européen intégré. L’OTAN détruit les missiles en provenance du Sud et de l’Ouest, et la Russie couvre tous les flancs Est de l’Europe.

L’OTAN n’a donné aucune réponse officielle à cette proposition.

Tout dépend des Etats-Unis

Tout le monde est conscient que cette réponse doit venir des Etats-Unis, étant donné que l’idée de l’ABM européen appartient à Washington, conçu sous l’administration de George W. Bush et modifié par celle de Barack Obama. Mais pour l’instant Moscou entend des réponses avec des affirmations du genre: ce n’est pas contre la Russie, vous devez nous croire.

Ou en étant réellement mis au pied du mur, les Etats-Unis déclarent qu’ils ne voient pas la nécessité de fournir à Moscou des garanties juridiquement contraignantes concernant la défense antimissile.

Les militaires russes sont préoccupés par tout cela, car dans le domaine de l’équilibre stratégique il n’est pas convenu de s’exprimer dans un tel langage.

Mais le problème est qu’aujourd’hui l’ABM n’est pas un "tube" de la campagne électorale 2012, qui a déjà commencé, aux Etats-Unis. Barack Obama n'aurait aucun avantage à mentionner l’ABM, qui plus est de faire des concessions à la Russie. Pourquoi donner aux opposants républicains un autre prétexte pour se faire critiquer et accuser de trahison de l’Europe et des intérêts américains.

A Deauville, lors du récent sommet du G8, Barack Obama et Dmitri Medvedev n’ont pas réussi à trouver de terrain d’entente sur l’ABM. Et on ignore ce qu'il en sera l’année prochaine. Probablement, rien. Au cours de l’année préélectorale, généralement rien de radical ne se produit. Et on ignore encore qui sera assis à la table des négociations: ni Obama, ni Medvedev n’ont de garantie à 100% d’être réélus.

Et si les républicains arrivaient tout de même au pouvoir? Ils ont leur propre opinion au sujet de l’ABM européen. Il sera encore plus difficile de s’entendre avec eux.

Aujourd’hui, entre la Russie et les Etats-Unis cela se passe toujours de la même manière: à peine la discussion concernant l’ABM européen est-elle engagée que le bouton de "redémarrage" est immédiatement bloqué. Ou il devient complètement hors service. Or, ce bouton manque déjà de stabilité. Mais on ne peut pas non plus dire que c’est un gadget (comme l’appellent les fonctionnaires haut placés) complètement creux. Ni qu’il n’existe aucune coopération avec l’OTAN.

La Russie et l’OTAN apprennent ensemble à intercepter des terroristes dans le ciel, et commencent à coopérer en Afghanistan. Mais dans le domaine de l’ABM, c’est le grand vide.

Qu’apportera la nouvelle réunion

Il ne faut, bien sûr, pas dramatiser autant la situation. Pour l’instant, nous sommes loin de l’ABM européen et encore plus loin des menaces contre l’Europe en provenance, disons, de l’Iran, et encore moins de la Corée du Nord. On évoque ces deux pays en tant que principal motif de la création d’un nouveau bouclier antimissile pour le Vieux Continent.

Le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen, lorsqu’il s’est rendu en automne 2010 à Moscou, a laissé entendre qu’actuellement il était prématuré de parler d’un ABM conjoint (Russie-OTAN) et que, peut-être, dans 30-40 ans un système qu’on n’arrive même pas à s’imaginer sera créé.

Mais cela est peu susceptible d’apaiser la Russie. Et cela ne doit pas la calmer. Dans ses relations avec l’OTAN, Moscou a déjà été dupé. Prenons l’exemple de la promesse de ne pas se rapprocher des frontières de l’URSS. Il était étrange pour les responsables soviétiques de croire aux garanties verbales de l’Occident, mais cela restera sur la conscience de ceux d’entre eux qui discutaient ces questions à la fin des années 80 du siècle dernier.

On dit que l’ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN, Dmitri Rogozine, a reçu des instructions claires pour la future rencontre de la part du président Medvedev. Il sera intéressant de voir à quoi cela conduira et quels principes de compréhension politique pourront être discutés lors du prochain Conseil Russie-OTAN. Ainsi que de voir comment ils seront respectés par la suite. Là où les "principes politiques" priment sur les accords clairs et précis, il existe toujours une grande marge de manœuvre.

Et n’oublions pas que le Conseil Russie-OTAN (qui a commencé à travailler en 2002) a été conçu seulement en tant que "forum de consultations" sur la sécurité, et en tant que "plateforme" de développement de la coopération. Rien de plus.

 

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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