Ossétie du Sud – Russie – Géorgie: stéréotypes et réalités

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Ces derniers jours coïncident avec le 260ème anniversaire de l’arrivée de la première ambassade ossète à Saint-Pétersbourg, à l’occasion de laquelle les représentants de toutes les communautés nord et sud-ossètes ont été reçus au plus haut niveau par l’impératrice Élisabeth Ière de Russie.

Ces derniers jours coïncident avec le 260ème anniversaire de l’arrivée de la première ambassade ossète à Saint-Pétersbourg, à l’occasion de laquelle les représentants de toutes les communautés nord et sud-ossètes ont été reçus au plus haut niveau par l’impératrice Élisabeth Ière de Russie. Dès lors les monts du Caucase ont été témoins de nombreux événements, aussi bien joyeux que tragiques.

La période la plus difficile de l’histoire moderne du peuple ossète, confronté à un effort acharné du régime géorgien visant à détruire l’Etat sud-ossète existant de facto, s’est achevée en 2008. La Fédération de Russie a reconnu alors l’indépendance de la république d’Ossétie du Sud, ce qui lui a conféré de jure le statut juridique international d’Etat indépendant.

Dans une situation où l’existence d’un peuple tout entier était compromise, la Russie a dignement relevé le défi lancé par les membres du soit-disant "club des élus." L’avenir de l’Ossétie du Sud a été déterminé dans une mesure décisive par la position de principe du gouvernement russe jointe à la volonté inflexible des Ossètes du Sud eux-mêmes qui avaient montré au monde entier le sérieux de leurs intentions au cours des vingt dernières années de lutte pour leur indépendance. Tous les derniers régimes géorgiens, ainsi que leurs protecteurs n’ont rien pu opposer à cette volonté, malgré leurs efforts diplomatiques, économiques et militaires d’envergure.

Les derniers événements en Géorgie semblent clairement démontrer le désir des autorités géorgiennes de s’appuyer sur le nationalisme et le revanchisme afin d’obtenir la "désoccupation des terres géorgiennes" et le "rétablissement de l’intégrité territoriale" du pays. Il est évident que le gouvernement géorgien a besoin d'exploiter ces thèses ne serait-ce que dans le but d’obtenir le financement dont ces projets continuent de bénéficier, et de pérenniser ainsi son existence politique.

J’estime que dans les nouvelles conditions l’Ossétie du Sud est en droit d’espérer de pouvoir se développer en paix et de focaliser ses efforts de mise en place d’organismes publics, d’organisation d’une vie pacifique et de création d’un cadre propice permettant de surmonter les privations endurées par la population en raison d’une agression permanente de la part de la Géorgie perpétrée à la fin du XXe et au début du XXIe siècle. La population de l’Ossétie du Sud a payé le prix le plus élevé pour pouvoir bénéficier du droit à la liberté et à une vie meilleure et décente pour les générations à venir.

Evidemment, nous ne nous résignerons jamais à une nouvelle agression de la part de la Géorgie. Toutefois, quel que soit le régime de Tbilissi, j’estime que rien n’empêche l’application du principe de cohabitation pacifique de deux Etats voisins dans le Caucase.

Au cours des deux dernières décennies, l’Ossétie du Sud a démontré à maintes reprises sa volonté de cohabiter en paix avec la Géorgie par des démarches concrètes. Il suffit de rappeler les célèbres initiatives de paix avancées en décembre 2005 par le président sud-ossète Edouard Kokoïty, prévoyant la conception d’un programme conjoint de règlement du conflit en trois étapes.

Toutefois, ces initiatives se sont toujours heurtées à un mur d’incompréhension et d’agression [de la part de la Géorgie]. Les nombreuses tentatives géorgiennes d’envahir manu militari l’Ossétie du Sud et de l’occuper ont invariablement échoué. Dans ce contexte, il est à noter que les unités des forces armées d’Ossétie du Sud n’ont jamais franchi la frontière de la république reconnue désormais officiellement en tant que frontière d’Etat de notre pays.

L’exemple de la Libye et d’autres Etats d’Afrique et du Moyen-Orient, victimes de tentatives ciblées visant à les détruire, nous montre que rien n'arrête le "club des élus" susmentionné dans sa tentative pour imposer au monde entier un nouveau modèle de fonctionnement, encore plus sophistiqué, brutal et inhumain. Cette circonstance est, selon moi, à l’origine de la revanche commanditée [par ces forces] que la Géorgie est seulement appelée à exécuter. Dans ce contexte, le fait que les Etats-Unis et leurs alliés reconnaissent le "droit" de la Géorgie de considérer l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie en tant que "butin légitime" doit être qualifié de moyen d’inciter la Géorgie à mettre ce projet à exécution. En raison des réalités géopolitiques, militaires et stratégiques existantes, Tbilissi fait partie des territoires – têtes-de-pont irremplaçables pour le lancement éventuel d’une expansion des forces mentionnées ci-dessus aussi bien vers le Nord qu’en direction du golfe Persique.

C’est l’Empire russe qui au tout début du XIXe siècle a consolidé les terres géorgiennes morcelées et agressées de l’extérieur en leur conférant une cohésion ethnoculturelle et politique, et a défendu, par ailleurs, le droit à l’existence de tous les groupes ethniques géorgiens les protégeant réellement contre une extermination physique inéluctable. Ensuite, l’appartenance à l’Etat russe a constitué la condition fondamentale et primordiale du développement du peuple géorgien en tant qu’entité unifiée et viable sur le plan historique.

Toutefois, malgré la rhétorique antirusse des leaders géorgiens au cours des premières années postsoviétiques, aucun d’eux n’a eu l’idée, avant l’avènement de Mikhaïl Saakachvili, d’opérer un véritable "reset" mental [du peuple géorgien].

L’application de cette nouvelle "matrice" à la vie réelle a conduit la Géorgie à une nouvelle défaite psychologique et militaire. Le "crash du disque dur" a été assorti de l’effondrement de toute la panoplie virtuelle de l’étatisme géorgien, sans parler de son statut international. La réalité s’est montrée nettement plus complexe que les "administrateurs systèmes" d’outre-Atlantique ne se l’étaient imaginé.

Toutes ces circonstances excluent la possibilité de qualifier la confrontation actuelle entre la Russie et la Géorgie de simple série de malentendus réciproques. Les deux pays se voient entraînés dans une logique de confrontation géopolitique incompatible et contraire à la genèse historique de leurs relations mutuelles, mais qui détermine néanmoins le contenu réel des relations entre les deux pays à l’étape actuelle.

Etant donné la situation présente et les perspectives bien définies de son développement, toute tentative de modifier le statut quo d’aujourd’hui aura, sans aucun doute, des conséquences indésirables aussi bien pour l’Ossétie du Sud que pour la Fédération de Russie. Dans un tel cas de figure, la confiance des peuples du Caucase du Nord [russe] envers le gouvernement central [de Russie] risquerait d’être définitivement sapée si ce dernier revenait sur sa propre position officielle de garant de l’indépendance et de la souveraineté étatique de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.

Ce cas de figure purement théorique vient d’être mentionné dans le seul but de mettre en évidence l’envergure réelle de la pression exercée sur le gouvernement russe par des puissances étrangères, des empires de presse internationaux, des organisations internationales influentes, et des structures supranationales et transnationales afin d'inciter la Russie à procéder à une telle révision.

 

*Dmitri Medoïev, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République d'Ossétie du Sud en Fédération de Russie

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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