La Marine russe change de visage: cap sur l’unification et la standardisation

© RIA Novosti . Aleksei Danichev  / Accéder à la base multimédiaLa frégate Admiral Gorchkov
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Le 29 octobre 2010, le premier grand navire de combat russe élaboré, conçu et mis à l’eau depuis l’effondrement de l’URSS, la frégate Admiral Gorchkov, emblème de la Marine de guerre russe, du nouveau projet 22350, a été mis à l’eau.

Le 29 octobre 2010, le premier grand navire de combat russe élaboré, conçu et mis à l’eau depuis l’effondrement de l’URSS, la frégate Admiral Gorchkov, emblème de la Marine de guerre russe, du nouveau projet 22350, a été mis à l’eau.

Le programme de construction navale au profit de la Marine russe est en essor progressif. Un grand nombre de bâtiments sont au stade du développement ou sont en cours de construction, ce qui permet d’imaginer l’image de la Marine russe dans 10-15-20 ans. A quoi ressemblera-t-elle?

Avant de commencer à parler des bâtiments de surface et des sous-marins, il convient de noter la tendance générale du développement de la Marine, qui n’a plus rien à voir avec la Marine soviétique d’il y a 30-35 ans.

Il est question d’une unification importante des nouveaux projets de bâtiments de surface et de sous-marins sur la base ‘’ des châssis de série ‘’, complétés par des modules nécessaires avec des équipements standardisés en fonction de la mission du bâtiment de combat.

Cela concerne également la flotte sous-marine, dotée du nouveau sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) et du nouveau sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), dont les coques solides sont fabriquées à l’aide de sections unifiées. Les sous-marins partagent un dispositif de propulsion unique, ont un équipement hydroacoustique et radio-électronique semblable, et ne se distinguent réellement que par l’armement principal. Le SNLE est muni des systèmes de lancement des missiles Boulava (missile mer-sol balistique stratégique), le SNA est doté d’un système de lancement universel capable de tirer divers missile de croisières.

Même chose pour les bâtiments de surface qui sont également créés avec l’utilisation de composantes unifiées : des dispositifs énergétiques, des rampes de lancement, des équipements radio-électroniques etc. La nécessité de l’unification a été reconnue en URSS au début des années 80, lorsque la grande Marine soviétique était un ensemble de bâtiments et de sous-marins de diverses classes, construits en petites séries et présentant des différences considérables d’armement set d’équipements. Cela rendait l’entretien, la réparation et la formation de l’équipage particulièrement difficiles. L’élaboration des projets unifiés a débuté dans les années 80 et avait pour but de transformer la Marine avant le milieu des années 90-début des années 2000. Mais pour des raisons évidentes, ces projets n’ont jamais été réalisés.

La Russie a hérité l’ancienne Marine, considérablement réduite, qu’il était d’autant plus difficile d’entretenir et d’utiliser dans les nouvelles conditions. Dans les années 2000, le travail sur le changement de l’image de la Marine a de nouveau commencé.

La base de la Marine : la flotte sous-marine

La flotte sous-marine demeure la principale force navale de la Russie. Elle conservera également ce rôle à terme, selon les experts et les haut responsables du ministère de la Défense. Avant tout, cela concerne les forces nucléaires stratégiques qui devraient devenir une partie primordiale de la triade nucléaire, transportant jusqu’à la moitié (700-750), voire plus, des 1.500 ogives nucléaires qui devraient rester en dotation de la Russie d'ici la fin des années 2010. En mettant de côté les sous-marins expérimentaux et les sous-marins spéciaux, traditionnellement protégés par le secret-défense, la flotte sous-marine de la Russie devrait être dotée au cours des prochaines années de deux classes de sous-marins nucléaires et de deux classes de sous-marins à propulsion diesel-électrique, dernièrement appelés de plus en plus souvent, au fur et à mesure de l’expansion des nouveaux types de propulsion, de sous-marins à propulsion non nucléaire.

Les principales forces stratégiques de la Marine devraient être représentées par 8 sous-marins du projet 955, dont le premier est déjà en phase de tests, trois autres sont en construction et quatre restants devraient être mis en chantier dans 5-6 ans. Le succès de ce projet dépend de la rapidité d’achèvement des essais et de l’entrée en dotation du missile Boulava. Une attention particulière est accordée actuellement à ce problème. Cela permet d’espérer que les problèmes d’organisation faisant obstacle à la conception finale du missile seront résolus dans des délais raisonnables.

Au cours des prochaines décennies, les sous-marins nucléaires du projet 885 Iassen seront les principaux SNA de la Marine russe. Le premier sous-marin de cette classe, Severodvinsk, a été mis à l’eau en été 2010. Ces sous-marins aux armes lourdes particulièrement coûteux devrait remplacer au cours des 15 prochaines années trois classes de sous-marins : les projets 671, 945 et 949 A de construction soviétique (15 sous-marins au total).

Ensuite, après 2025, ils remplaceront probablement les sous-marins du projet 971, devenant obsolètes (12 sous-marins). A l’heure actuelle, un autre sous-marin du projet 885 est en construction et, selon diverses sources, la construction de six autres sous-marins de cette classe devrait débuter au cours des 6-7 prochaines années, et 10-12 Iassen pourraient être construits avant 2025.

Les médias ont à plusieurs reprises déclaré que le projet 885 n’était pas à la portée de la Marine russe en raison du coût élevé des sous-marins, et la Russie devrait prendre l’exemple sur les Etats-Unis, qui ont abandonné le projet ambitieux SSN-21 Sea Wolf ainsi que le projet 885 lancé à la fin de la Guerre froide, pour se consacrer à la construction de sous-marins de classe Virginia, bien plus modestes par leur taille et par leurs caractéristiques techniques.

Dans les conditions actuelles, la création d’un nouveau projet de sous-marin serait évidemment trop risquée et coûteuse. Pour cette raison, la construction du Iassen sera poursuivie en parallèle avec son amélioration.

Dans le domaine des sous-marins non nucléaire, la situation semble différente : en échouant dans la tentative de créer le nouveau type de sous-marins du projet 677 Lada, la Marine a été contrainte de commander des versions améliorées du projet 636M Paltus, étant confrontée au vieillissement brusque des sous-marins diesels du projet 877 Paltus.

Le premier sous-marin de cette classe est entré en construction en août 2010. Au final, au cours des dix prochaines années, la Marine remplacera les Paltus obsolètes par les versions modernes, en poursuivant parallèlement la mise au point du Lada. Pour 2020 la Marine pourrait disposer de 4-5 Lada, 9-12 Paltus modernisés et 5-6 anciennes versions du Paltus.

La flotte de surface : réhabilitation

Dans l'ensemble, la Marine russe connaît une situation critique, mais l'état de la flotte de surface est particulièrement déplorable.

Faute d’avoir bénéficié des dotations et des fonds pour la modernisation des bâtiments existants, alloués au cours des 20 dernières années à la flotte sous-marine, la flotte de surface russe est obsolète et nécessite un remplacement presque complet.

A ce jour, le ministère de la Défense suit une stratégie prudente et juste, prévoyant la réhabilitation de la flotte de surface par le bas, en commençant pas les navires relativement petit et bon marché et en terminant par les bâtiments plus grands, complexes et coûteux. Ainsi, la corvette du projet 20380 (le premier bâtiment de cette classe est déjà en dotation, un autre a été mis à l’eau et trois autres sont en construction) est le premier projet de série pour la modernisation de la Marine. Les corvettes ont été suivies par le début de la construction de bâtiments océaniques.

Cela concerne les frégates du projet 22350, les premiers grands navires russes de combat créés à l’époque postsoviétique. Cependant, dès le lancement de la construction des nouvelles frégates, il s’est avéré que le renouvellement de la flotte avec ces bâtiments complexes et coûteux risquait de prendre beaucoup de temps. Par conséquent, il a été décidé d’accélérer le processus en lançant parallèlement la construction des bâtiments du projet 11356, avec lequel l’industrie russe s’était déjà familiarisée en satisfaisant les commandes de l’Inde.

Ces frégates devraient être unifiées avec les bâtiments de nouvelle génération en termes d’équipements et de systèmes principaux d’armements, ce qui réduirait au minimum les différences entre eux. Il est prévu que dans les dix prochaines années, près de 8 frégates de nouvelle génération et autant de bâtiments du projet 11356 doteront la Marine. Au total, au cours des 20 prochaines années, la Russie devrait recevoir jusqu’à 30 frégates et autant de corvettes.

Les frégates devraient être suivies par les bâtiments de première classe. Les travaux de conception du projet d’un destroyer (contre-torpilleur) de nouvelle génération s’achèveront prochainement en Russie. Ce bâtiment, possédant un tirant d’eau de près de 10.000 tonnes devrait être également muni de systèmes de lancement universels communs à toute la flotte de surface, d’un système d’information et de navigation de combat standard et d’autres équipements standardisés. Ce trio, corvette-frégate-destroyer de nouvelle génération devrait constituer la base de la flotte de surface pour les 20-30 prochaines années.

En leur absence, il serait insensé d’acheter les bâtiments de débarquement Mistral français, qui plus est de lancer leur construction en Russie, de réhabiliter et de moderniser le porte-avion Amiral Kouznetsov, et d'envisager la construction de nouveaux porte-avions.


Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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