Russie-Chine: relations au beau fixe

© RIA Novosti . Михаил Климентьев / Accéder à la base multimédiaLe président russe Dmitri Medvedev et le vice-président chinois Xi Jinping lors de l'ouverture de la Journée de la Russie à l'Exposition mondiale Expo-2010 à Shanghai.
Le président russe Dmitri Medvedev et le vice-président chinois Xi Jinping lors de l'ouverture de la Journée de la Russie à l'Exposition mondiale Expo-2010 à Shanghai. - Sputnik Afrique
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Le chiffre guère flatteur de 2%, qui représente la part de la Russie dans les échanges commerciaux avec la Chine, s'inscrivait en toile de fond de la derrière la visite à Pékin (ou plutôt de sa préparation) du président russe Dmitri Medvedev.

Le chiffre guère flatteur de 2%, qui représente  la part de la Russie dans les échanges commerciaux avec  la Chine, s'inscrivait en toile de fond de la derrière la visite à Pékin (ou plutôt de sa préparation) du président russe Dmitri Medvedev. Et quelle que soit la similitude des points de vue des deux pays sur les problèmes du monde et des relations internationales, cette valeur de 2%  relève moins de l'économie que de la politique, par ailleurs défavorable.

Surtout dans le contexte du commerce américano-chinois proche de 300 milliards de dollars par an (ces données sont très approximatives, surtout compte tenu de la crise, les statistiques exactes post-crises sont encore à venir). Et bien que cette année, selon Medvedev, le chiffre d'affaires russo-chinois retrouverait son point culminant de 57 milliards de dollars d'avant-crise, c'est encore loin de la qualité des relations entre les États-Unis et la Chine.

Il est donc utile d'examiner la progression des relations américano-chinoises dans les quinze dernières années. Aux yeux des Etats-Unis, la Chine est un adversaire stratégique évident, fait encore plus notable sous l'administration démocrate. Mais le lien mutuel de plus en plus étroit des deux économies contraint les adversaires à faire preuve de prudence et de responsabilité. Et c'est précisément l'effet qu'il conviendrait de rechercher dans les relations entre la Russie et la Chine. Car des points de vue proches ne sont pas des choses aussi matérielles que les usines et les containers qui traversent l'océan.

Cela pourrait donner l'impression que la visite actuelle de Dmitri Medvedev a un but économique. Ce n'est qu'en partie le cas. Premièrement, deux accords signés par le président russe et son homologue chinois méritent toute notre attention. Il s’agit de la déclaration conjointe pour le développement de partenariats et de coopération stratégique dans tous les domaines, ainsi que la déclaration conjointe concernant le 65ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La civilisation chinoise accorde beaucoup plus d'importance à la parole que ne le font les autres pays. S'il est écrit ‘’ dans tous les domaines ‘’, cela a son importance. C'est le résultat d'un travail de longue haleine. En voici ce que cela signifie : les relations politiques seront approfondies grâce à l'économie. En particulier, grâce au célèbre oléoduc Skovorodino-Daqing au destin si difficile et dont l'inauguration sert en fait de prétexte à la visite officielle du président russe.

C'est bien sûr un événement remarquable, surtout compte tenu de la lutte politique interne en Russie dont les vicissitudes se sont répercutées sur la mise en œuvre du projet. Et ce dernier est évidemment stratégique car il est plus que profitable à la Russie d’être liée à son voisin, la deuxième puissance mondiale, par le fil d'acier du pipeline.

Mais il ne faut jamais se réjouir sans réserve. Il s'agit de 15 millions de tonnes de pétrole par an transitant via l'oléoduc. Le niveau actuel des approvisionnements atteint 12 millions de tonnes. Dans le contexte des relations uniquement bilatérales ce n'est pas si mal : en 2008, les livraisons de pétrole russe avaient chuté, elles vont augmenter, même compte tenu du fait qu'il ne faut pas simplement additionner les nombres. Auparavant, les approvisionnements étaient effectués par voie ferrée, le même pétrole sera livré via le pipeline, et l'issue n'est pas encore claire. Mais d'une manière ou d'une autre, la part des livraisons de pétrole russe en Chine a diminué au fil des années, passant de 11% en 2006 à 6,1% aujourd’hui. Il est probable qu'on revienne aux 11% initiales, voire plus. Mais quoi qu'il en soit, pour la Chine, il existe quatre pays-fournisseurs de pétrole mieux placés que la Russie. Il s'agit de l'Arabie Saoudite, de l'Angola, de l'Iran et d'Oman.

Les longues négociations pour la livraison de gaz en Chine ont également progressé sans arriver à terme.

En ce qui concerne les livraisons de matières premières énergétique, c'est un grand problème russo-chinois d'ordre stratégique. L'objectif actuel principal de la politique russe concerne la modernisation innovante du pays, ce qui sous-entend l'acquisition de nouvelles technologies, le passage de l'exportation des matières premières à l'exportation des produits de haute technologie etc. Et dans ce secteur, chaque année, les intérêts de la Chine ont divergé de plus en plus avec ceux de la Russie. La Chine n'a besoin que des matières premières russes, elle s'améliore de jour en jour dans la production de haute technologie et l'exporte en Russie. Auparavant, les bons chinois achetaient des technologies tandis que les mauvais, disons le ainsi, les empruntaient. Mais les efforts de ce pays pour la création de sa propre base intellectuelle de recherches sont considérables. Et aujourd'hui, même le centre des innovations globales se déplace vers l'Asie, y compris vers la Chine. Et d'un point de vue stratégique, nous sommes contraints de tirer de nouvelles conclusions.

Le pétrole brut constitue près de la moitié des exportations russes, et la haute technologie tend vers zéro. Les exportations chinoises technologiques en Russie, au contraire, ne cessent de croître. À la lumière de la visite de Dmitri Medvedev en Chine, comment se présente ce problème? Il s'avère que les chefs d’Etat ont principalement parlé de coopération énergétique. Que faire si la Chine n'a pas d'autres intérêts... Toutefois, dans le secteur nucléaire, la future construction en Chine d’une centrale nucléaire dotée de réacteurs à neutrons rapides relève de la haute technologie. Et la discussion sur la coopération dans le secteur de la haute technologie se poursuit, bien que l'issue demeure incertaine. On souhaiterait voir un progrès dans ce domaine. Ce serait une bonne stratégie.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur

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