La Russie souhaite maintenir la stabilité dans le Caucase du Sud

© RIA Novosti / Accéder à la base multimédiaDmitri Medvedev et Ilham Aliev
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Certains analystes estiment que la récente visite de Dmitri Medvedev à Bakou vise à apaiser la tension provoquée par l'accord avec Tbilissi. Viktor Nadeine-Raïevsky, expert de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales fait part de ses impressions concernant la situation au Caucase du Sud.

Certains analystes estiment que la récente visite de Dmitri Medvedev à Bakou vise à apaiser la tension provoquée par l'accord avec Tbilissi. Viktor Nadeine-Raïevsky, expert de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales fait part de ses impressions concernant la situation au Caucase du Sud.

 La Russie a prolongé le stationnement de sa base militaire en Arménie jusqu'en 2044. Cela a déjà suscité certaines questions en Azerbaïdjan, malgré le caractère prévisible d'une telle démarche de la part de la Russie. Aujourd'hui le président russe se rend à Bakou. Quelles questions pourraient lui être posées et comment décririez-vous la politique de la Russie dans la région du Caucase du Sud?

Le problème principal qui les interpelle concerne le conflit qui se poursuit dans le Haut-Karabagh. Nous sommes parfaitement conscients que les deux parties ont des approches opposées quant au règlement de la situation et s'imposent des exigences contradictoires. Dans l'ensemble, aucune concession majeure n'a été faite pour l'instant. Bien sûr, il est clair que l'Azerbaïdjan est intéressé par la libération des territoires qu'il considère comme occupés, Bakou revendiquant régulièrement le Karabagh comme une partie de son territoire. Bien sûr, il existe d'autres griefs. La livraison de systèmes de défense antiaérienne a fait beaucoup de bruit, des questions ont été soulevées concernant la location de la station radar de Gabala et son exploitation internationale. La question de la coopération économique est également d'actualité. Les perspectives du partenariat sont très solides, nous sommes intéressés par le pétrole azerbaïdjanais. De plus, nous avons signé plusieurs contrats sur le gaz.

Qui pourrait être intéressé par la déstabilisation de la situation plus ou moins stable qui règne dans la région?

Il ne pourrait s'agir que de forces avides de renforcer leurs propres positions et d'affaiblir celles des principales puissances régionales, en premier lieu de la Russie. Bien entendu, les positions de Moscou ne sont plus assez fortes en Azerbaïdjan. Avant tout d'un point de vue économique, car les compagnies occidentales y jouent le rôle principal. Nous sommes bien placés en matière de transit de pétrole et maintenant de gaz. Il existe une volonté de perturber cet équilibre. Même si je ne peux pas accuser directement un gouvernement occidental quelconque, il semblerait, à en juger par le comportement de certains acteurs étrangers, que leur politique soit destinée à créer un déséquilibre, du moins dans le cas de la Géorgie. Les mêmes tentatives pourraient se rapporter à l'Azerbaïdjan. Apparemment, les bombes informationnelles dangereuses et insidieuses selon lesquelles Bakou s'apprêterait à fournir des bases aux Américains, y compris pour mener des actions contre l'Iran, n'ont pas été lancées par hasard. L'Azerbaïdjan réfute catégoriquement toute action ou même tentative d'action contre l'Iran. C'est une position correcte car la situation pourrait devenir réellement incontrôlable.

Pourrait-on affirmer qu'aujourd'hui l'Arménie est le principal allié de la Russie dans la région? Globalement, comment la politique de la Russie a-t-elle changé à l'égard des anciennes républiques de l'Union soviétique, désormais indépendantes, ces dix dernières années?

À mon avis, la Russie respecte aujourd'hui l'indépendance des autres pays. Ce respect existe depuis longtemps. En tout cas, sous la présidence de Vladimir Poutine cette position était clairement perceptible. Moscou ne s'est livré à aucune tentative de diktat. La Russie respecte les droits des États indépendants. En évaluant l'histoire des deux décennies successives à l'effondrement de l'Union soviétique, nous remarquerons que toute violation de ces droits est extrêmement mal perçue par les États de l'ex-URSS. Pour cette raison, la Russie tente de maintenir les relations stables établies avec ces pays, qui satisfont toutes les parties. Par exemple, la Russie n'a mené aucune action visant à saper les positions de l'Occident en Azerbaïdjan car ce thème concerne strictement le gouvernement azerbaïdjanais.
La Russie a su préserver sa position en Arménie. Aux yeux du Kremlin, Erevan est le plus fiable des alliés dans la région, ce qui influence considérablement la politique russe. Mais cela ne signifie pas que la Russie agisse uniquement dans l'intérêt de l'Arménie. Ces dernières années, la Russie a considérablement amélioré ses relations avec l'Azerbaïdjan. La visite du président jouera un rôle crucial dans leur renforcement, bien que cela nécessite, bien sûr, un effort supplémentaire. Je veux dire par là que Moscou doit montrer qu'elle n'a pas l'intention d'agir pour faire plaisir à un acteur en particulier. La Russie reste un médiateur dans la régularisation du conflit et ne peut se permettre de mener une politique trop brusque.

Comment évaluez-vous le rôle de l'Azerbaïdjan dans la région en tant que puissance économique? Le pays affiche, probablement, la plus forte croissance économique, et pas seulement parmi les anciennes républiques de l'URSS.

En effet, l'Azerbaïdjan s'est considérablement développé d'un point de vue économique. Les revenus sont principalement constitués par les exportations de pétrole, de gaz dans une moindre mesure car la majeure partie est destinée à la consommation intérieure. L'argent du pétrole a été directement injecté dans l'économie azerbaïdjanaise, ce qui a permis cette réussite.
L'acquisition de technologies modernes, importées en Azerbaïdjan avec l'apparition des compagnies pétrolières possédant de nouveaux systèmes de forage, a été également un facteur important.
La prospérité de l'Azerbaïdjan dépendra en grande partie de sa capacité à revenir sur la voie du développement industriel, car il est clair que la désindustrialisation a causé un grand tort à tous les États postsoviétiques, y compris à la Russie. Aujourd'hui, l'Azerbaïdjan a la possibilité de développer des technologies suffisamment avancées, surtout grâce à l'argent du pétrole. Ces fonds sont destinés au développement du raffinage, car il est toujours plus rentable de vendre des produits finis.
Pour résumer, je voudrais noter que la qualité de vie en Azerbaïdjan s'est améliorée ces dernières années.

Laissons de côté les relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan au niveau gouvernemental. Que pensez-vous des relations entre les peuples de ces pays?

Les Azerbaïdjanais ne sont pas perçus en Russie comme des étrangers, cela concerne également les ressortissants des autres républiques caucasiennes. Les Azerbaïdjanais parlent bien la langue russe. Le business azerbaïdjanais est largement représenté en Russie, qui plus est les entrepreneurs azerbaïdjanais sont les principaux intermédiaires des produits iraniens. Il y a également un grand nombre d'Azerbaïdjanais au sein de l'élite intellectuelle et de la médecine russe.

Propos recueillis par Samir Chakhbaz.

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