La crainte des Topol: les contradictions russo-américaines aux négociations sur START

© RIA Novosti . Sergey PyatakovSystème de missiles intercontinentaux mobiles Topol
Système de missiles intercontinentaux mobiles Topol - Sputnik Afrique
S'abonner
Les avis des Etats-Unis et la Russie divergent substantiellement sur leur nouveau traité de réduction des armements stratégiques offensifs (START) qui arrive à expiration le 5 décembre 2009. Selon l'information, les problèmes concernent le contrôle des systèmes de missiles terrestres mobiles et la limitation du nombre total de vecteurs dont disposeront les parties selon les clauses du traité

Les avis des Etats-Unis et la Russie divergent substantiellement sur leur nouveau traité de réduction des armements stratégiques offensifs (START) qui arrive à expiration le 5 décembre 2009. Selon l'information, les problèmes concernent le contrôle des systèmes de missiles terrestres mobiles et la limitation du nombre total de vecteurs dont disposeront les parties selon les clauses du traité. Qui plus est, le plus important problème fait toujours l'objet des discussions : la corrélation des limitations des armements stratégiques offensifs avec la limitation du déploiement des systèmes de défense antimissile (ABM).

Le thème du contrôle des systèmes mobiles ne date pas d'hier. Leur utilisation limitée a déjà été imposée par le traité START-1 signé en 1991. Ce traité a déterminé la surface des régions dans lesquelles pouvaient être déployés les systèmes mobiles et, pour les systèmes ferroviaires, le nombre maximum de stations. Ce traité limitait le nombre de systèmes pouvant se trouver en même temps en dehors des régions de déploiement, ainsi que la durée de leur stationnement en dehors de ces régions.

En ce qui concerne les systèmes de missiles mobiles, les procédures de liquidation prévues ont également été plus rigoureuses que pour les missiles stationnés en silos. Ainsi, pour déduire du compte un missile, il est nécessaire de détruire non seulement la rampe de lancement, mais aussi le missile. Pour les missiles basés en silos et sur mer, la destruction des missiles n'est pas nécessaire: il suffit de détruire, respectivement, les silos et les sous-marins.

Seul le système de missiles intercontinentaux mobiles Topol est resté en service. Déjà au début des années 90, les Etats-Unis avaient décidé que les sous-marins dotés de Trident II compensaient la renonciation aux systèmes terrestres mobiles.

Après la réduction du groupement de missiles basés en silos, le rôle des missiles Topol faisant partie des forces nucléaires stratégiques russes a commencé à s'accroître. L'importance des systèmes mobiles s'est accrue particulièrement après l'apparition des missiles Topol-M en version mobile et, enfin, après l'apparition de RS-24 Yars dotés d'ogives multiples à guidage individuel. Compte tenu des tendances observées, les systèmes terrestres mobiles constitueront ces 20 prochaines années la majorité écrasante du groupement des Troupes stratégiques russes. Un nouveau déploiement de systèmes ferroviaires est également possible. Dans ces conditions, les limitations des régions de déploiement et du déplacement des systèmes mobiles priveront le groupement russe des Troupes stratégiques russes de son avantage principal: la mobilité assurant l'invulnérabilité en cas de première frappe ennemie. Qui plus est, le stationnement de missiles en silos dans les conditions de l'incessant accroissement de la précision des ogives ne garantit plus leur survie en cas de première frappe portée par surprise.

Cependant, l'ossature de la puissance combative des forces nucléaires stratégiques des Etats-Unis est la composante maritime de la triade : 14 sous-marins nucléaires porte-missiles de type Ohio dotés de systèmes de missiles Trident II : au total, 336 missiles dotés de 8 ogives multiples (MIRV) à guidage individuel chacun. Mais, en fait, les limitations du stationnement et du déplacement des sous-marins n'ont pas de sens, car il est pratiquement impossible de contrôler le respect de ces limitations.

Une autre pierre d'achoppement est le nombre de vecteurs.  La Russie propose de réduire leur nombre à 500, alors que les Etats-Unis insistent sur plus de 1000. Cela explique un si grand écart - 400 à 1100 vecteurs et 1500 à 1675 ogives nucléaires - mentionné lors de l'examen des conditions du futur traité. La question du nombre de vecteurs est étroitement liée au problème du potentiel récupérable: le nombre d'ogives pour les missiles balistiques intercontinentaux (missiles de croisière pour les bombardiers) qui peuvent être stockés dans les entrepôts et être déployés au moment d'alarme. Plus grand sera le nombre de vecteurs stockés des forces nucléaires stratégiques et plus grand peut s'avérer le potentiel récupérable, ce qui sape le sens même de la réduction des armements stratégiques offensifs.

Enfin, la corrélation entre les armements stratégiques offensifs et la défense antimissile est le principal problème du futur traité. La Russie insiste sur la limitation du déploiement de systèmes de défense antimissile, alors que les Etats-Unis ne sont prêts, à en juger par l'information disponible aujourd'hui, qu'à reconnaître l'interdépendance entre les armements offensifs et défensifs au préambule du traité, pas plus.

Si les parties ne parviennent pas à s’entendre sur ce sujet, le traité risque de rester un chiffon de papier qui n'arrangera ni les uns, ni les autres. Mais, pour les Etats-Unis, bien que leur situation économique soit meilleure que celle de la Russie, cet état de choses ne peut pas non plus être considéré comme favorable: la Russie, dont le rythme de rénovation des forces nucléaires stratégiques est actuellement de 30 missiles par an avec la perspective d'une accélération ultérieure, est capable de maintenir ses forces nucléaires, en cas de nécessité, à un niveau permettant de porter à l'agresseur un préjudice intolérable garanti, malgré l'existence du système de défense antimissile.

En fait, la rupture des ententes sur le traité START, ou sa signature sans limitations du déploiement de la défense antimissile, signifiera le retour à la course aux missiles nucléaires, même à un niveau plus bas que dans les années 50-80, mais il est peu probable que ce soit une grande consolation.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала