Réorientation géopolitique ou comment l’Amérique latine gagne en puissance

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Le projet de Partenariat oriental, qui vise à reprendre ses alliés à la Russie, à renforcer le rôle des USA en Asie-Pacifique et à retenir la Chine, n’est pourtant pas le seul ingrédient stratégique de la cuisine occidentale en cours. L'Amérique latine attend son tour.

Par Vadim Bondar, Mejdounarodnaïa jizn (Vie internationale)

Même ceux qui étaient très éloignés de la problématique ont eu les yeux rivés, pendant un certain temps, sur les péripéties liées à l'européisation de l'Ukraine, aspirée dans l'orbite d'influence occidentale.

Le projet de Partenariat oriental, qui vise à reprendre ses alliés à la Russie, à renforcer le rôle des USA en Asie-Pacifique et à retenir la Chine, n’est pourtant pas le seul ingrédient stratégique de la cuisine occidentale en cours. L'Amérique latine attend son tour.

Les experts du Conseil atlantique des Etats-Unis, parrainé par l'Otan, la CIA et les plus grandes compagnies mondiales, ont préparé un rapport intitulé "Relations trilatérales: dessiner une nouvelle ère pour l’Amérique latine, les USA et l’Europe". L'objectif de ce document consiste à analyser la situation et les perspectives de la région du point de vue de l'intégration de l'Amérique latine à l'axe atlantique.

Cette démarche rejoint l'idée centrale et la tâche du Conseil: "Promouvoir le leadership constructif des USA sur l'arène internationale, fondé sur le rôle central de la communauté atlantique pour parer les défis du XXIe siècle".

D'autre part, l'Amérique latine acquiert une importance stratégique de plus en plus grande, tout en s'éloignant de l'alliance militaro-politique avec les USA et l'Otan, ainsi que du modèle économique néolibéral et des valeurs occidentales. Cette évolution préoccupe les Etats-Unis et leurs satellites tout autant que l'Union eurasiatique formée par la Russie. Pourquoi?

Les pays de la région soit ont une frontière commune avec les Etats-Unis, soit se trouvent à une proximité dangereuse des USA, principal pilier du monde occidental.

L'intensification des activités de la Russie et de la Chine autour de ces pays préoccupe forcément les "démocratiseurs mondiaux". On relèvera en particulier les vols de l'aviation stratégique russe et les escales de plus en plus fréquentes des navires de combat dans la région: conformément au plan de préparation opérationnelle de l'aviation stratégique russe, deux bombardiers stratégiques supersoniques Tupolev Tu-160 ont par exemple atterri à Managua (Nicaragua) le 31 octobre. Avant d'arriver au Nicaragua, ils ont survolé la côte sud-ouest de l'Amérique du Nord et ont atterri au Venezuela.

Fin novembre dernier, l'Assemblée nationale du Nicaragua a également ratifié la décision du gouvernement permettant aux unités militaires, avions et navires russes de se rendre dans la république. Le vote s'est tenu à la demande urgente du président Daniel Ortega. D'après le décret adopté, les navires et les avions russes, cubains, mexicains et vénézuéliens sont autorisés à se rendre sur le territoire nicaraguayen mais aussi à participer au partage d'expérience et à la formation des militaires de ce pays d'Amérique centrale.

Le président équatorien Rafael Correa s'est rendu en Russie en octobre dernier pour évoquer, entre autres, la coopération militaro-technique et un autre ordre du jour important pour les intérêts stratégiques des deux pays. La coopération économique évolue activement.

Un nombre grandissant de pays d'Amérique latine réorientent leurs économies dans une direction opposée aux USA et à l'UE. C'est le deuxième aspect le plus important du rapport des experts du Conseil atlantique. Et pour cause: ce thème préoccupe particulièrement la communauté occidentale. Le rapport indique notamment que d'ici 2060 le poids des Etats-Unis et de l'UE dans l'économie mondiale se réduira de 40% à 24%, tandis que celui de l'Amérique latine montera en flèche grâce à l'industrialisation, qui prend rapidement forme dans les pays comme le Mexique, la Colombie et le Brésil.

Enfin, les changements sur le continent américain recouvrent un troisième facteur d’inquiétude: la radicalisation et la montée de l'antiaméricanisme. L'élection au Chili, la fraternité bolivarienne de plusieurs présidents, la réaction solidaire de la majorité des dirigeants latino-américains suite à la retenue de l'avion du président bolivien et l'annulation de la visite de la présidente brésilienne Dilma Rousseff aux Etats-Unis.

Tout cela indique que les Etats-Unis ont loupé l'occasion. De moins en moins nombreux sont ceux sur le continent qui partageant les valeurs occidentales et les sympathies pour l'Amérique du Nord et l'Occident.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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