La chasse aux armes du futur est ouverte

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La Russie achève les essais d'une arme qui n'a pas son pareil dans le monde, appelée à conférer à l'AMB russe une dimension nouvelle, lui ouvrant la possibilité d'abattre non seulement des missiles hypersoniques mais aussi tout moyen d'attaque aérienne, existant ou à venir.
La Russie achève les essais d'une arme qui n'a pas son pareil dans le monde, appelée à conférer à l'AMB russe une dimension nouvelle, lui ouvrant la possibilité d'abattre non seulement des missiles hypersoniques mais aussi tout moyen d'attaque aérienne, existant ou à venir.

Le constructeur général du Bureau d'études KB Fakel, concepteur de cette super-arme, Vladimir Svetlov, a parlé à Rossiïskaïa Gazeta (RG) de nouveaux missiles sol-air.

Svetlov : Nos "produits" ne visent personne, ils assurent la défense de la Russie. C'est une arme défensive par excellence. Plusieurs de nos missiles, au stade des tests, élargiront notablement les possibilités de nos systèmes de missiles antiaériens largement connus. Le nouvel engin, conçu pour un système tout récent, deviendra à coup sûr le leader de la DCA pour des dizaines d'années : il sera en mesure de détruire tout moyen d'attaque.

RG: Il n'y a pas longtemps, les Américains ont annoncé qu'ils achevaient la conception d'un missile hypersonique de nouvelle génération X-51, développant une vitesse de plus de 6 000 km/h. Ses concepteurs affirment que ce missile atteindra le camp de Ben Laden en Afghanistan et qu'il révolutionnera nos vues classiques sur les capacités des missiles de croisière. Votre missile à vous, pourra-t-il abattre un X-51 si celui-ci, au lieu d'atteindre le camp de Ben Laden, franchit notre frontière aérienne ?

Svetlov : Moi personnellement je doute que les Américains puissent se prévaloir de telles performances. Même si cela s'avère exact et que le missile X-51 est une réalité, nous l'abattrons. Il n'y a pas dans le monde d'appareils volants en mesure d'échapper à nos missiles.

RG : Votre Bureau d'études crée des missiles pour protéger Moscou contre une frappe nucléaire ?

Svetlov : Moscou et les régions attenantes à la capitale. Fakel a conçu l'antimissile V-1000 qui, en 1961, a détruit la tête d'un missile qui pouvait porter une charge nucléaire. Le système A-35 - c'est notre premier système antimissile destiné à défendre la région industrielle de Moscou contre les Titan et les Minuteman américains - a fait aussi appel aux missiles de Fakel. Pour la deuxième génération de ce système, A-315, opérationnel jusqu'à présent, nous avons conçu un antimissile d'interception éloignée, 51T6 (Gordon, d'après la classification de l'OTAN).

RG : Pourquoi concevoir un missile en mesure d'abattre tout ce qui vole et tout ce qui ne vole encore pas ?

Svetlov : Les militaires nous ont assigné un objectif, nous avons trouvé le moyen de le réaliser. La guerre des îles Falkland a constitué une sorte d'impulsion pour nous. A l'époque (1982, ndlr), les Anglais ont dépêché dans la zone du conflit le destroyer Sheffield, un bâtiment de 125 mètres de long, de 4350 tonnes et avec un équipage de 300 hommes, l'un des meilleurs de l'époque. Les Argentins possédaient en fait un seul missile anti-bâtiment, l'Exocet français. Et voilà : avec ce missile de 660 kg les Argentins ont coulé le Sheffield. Du bord du destroyer, le missile n'a été vu qu'à 6 secondes de l'impact. L'équipage, au terme d'infructueuses tentatives pour sauver le bâtiment et perdant 48 hommes, a quitté le navire.

Au début des 1990, nous nous sommes vu assigner l'objectif de créer un missile qui protègera nos navires contre toute arme existante, testée et à venir. Ayant analysé tout ce que nous nous avions déjà créée à Fakel et étudié minutieusement les réalisations mondiales, nous avons conçu un missile d'un poids de 340 kg seulement, que nous avons nommé 9M96.

Pour la première fois, en élaborant ce missile, on a fait appel aux technologies clefs qui déterminent l'aspect des missiles sol-air guidés de conception européenne et américaine. Par exemple, le recours, en phase finale du vol, au guidage gazodynamique. Résultat, ce missile devient d'une très grande précision. A cette fin, nous avons conçu un propulseur permettant à l'engin d'effectuer des man�uvres insolites. Cette invention est brevetée. Notre missile a une garantie de dix ans, mais sa durée de service réelle est de 25 années. Et en plus, notre missile qui est installé en plein air est opérationnel aussi bien par moins 50°C que par plus 50°C.

RG : Votre Bureau d'études a conçu le missile lequel a abattu le 1er mai 1960, au-dessus de l'Oural, un avion espion américain dont le pilote, Francis Gary Powers, a été fait prisonnier.

Svetlov : Nos missiles sol-air ont été livrés à 60 pays du monde. Au Vietnam, par exemple, en décembre 1964, sur les 700 avions américains partis en mission, ils en ont abattu 140. Au total, pendant la guerre du Vietnam, l'armée de l'air américaine a perdu 8 612 avions et hélicoptères. Nos missiles ont fait du "bon travail" dans le ciel cubain. Durant la guerre d'Israël avec l'Egypte et la Syrie, nos missiles ont abattu en deux jours plus de 40 avions israéliens.

RG : Les livraisons de nos missiles à l'étranger s'accompagnent parfois de scandales. La Turquie s'est opposée à la vente à Chypre d'un système de missiles antiaériens S-300. La vente de missiles sol-air Tor-M1 à l'Iran a provoqué aussi un tollé de la part des Américains.

Svetlov : Je le répète, nos systèmes sont tous défensifs. En les livrant aux pays étrangers, nous n'avons jamais enfreint aucun accord international.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de son auteur.

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