Revue de la presse russe du 19 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia Novosteï

Le futur président français sera pour la Russie un interlocuteur plus réservé que Chirac

Nous sommes à quelques jours du dimanche 22 avril, date du premier tour de la présidentielle en France. Il est peu probable qu'il débouche sur une surprise. Tous les sondages - il en a été réalisé plus de quatre-vingt-dix tout récemment - indiquent que dans la dernière ligne droite on devrait retrouver le néogaulliste Nicolas Sarkozy et la socialiste Ségolène Royal. D'après les prophètes, le second tour lui non plus n'accouchera pas d'une surprise: le nouveau locataire du Palais de l'Elysée sera probablement Nicolas Sarkozy, 52 ans.

De toute évidence, il ne faut pas s'attendre à ce que le président Sarkozy manifeste à l'égard de la Russie l'ardente sympathie que Jacques Chirac lui avait réservée tout au long de son deuxième mandat. Premièrement, Sarko est d'une autre génération et d'une autre éducation. Dans les années 50, fuyant les communistes, son père avait quitté Budapest pour immigrer en Occident. Deuxièmement, Sarkozy ne cache pas ses sentiments pro-atlantiques et ses conceptions pro-américaines.

Autre chose, probablement essentielle celle-là: les promesses de Sarkosy-candidat ne figureront pas toutes, tant s'en faut, dans le programme de Sarkosy-président. C'est vrai, Sarko a tenu à plusieurs reprises des propos très durs sur la Tchétchénie et aussi à l'occasion de "la limitation de la démocratie" en Russie... Seulement le contexte électoral et les réalités de la grande politique sont des choses très différentes. Souvenons-nous de l'accession au pouvoir de Jacques Chirac et de ses rapports compliqués avec le Kremlin dans le contexte de la reprise des essais nucléaires en Océanie et de l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie. Et ensuite, après le retrait de Boris Eltsine de la scène politique, des difficiles premiers contacts avec Vladimir Poutine, lorsque celui-ci commençait à s'étoffer...

Qu'est-il resté de tout cela? D'ailleurs, faisons table rase du passé. D'autant qu'aujourd'hui le temps est si comprimé que la politique internationale se fait non plus au jour le jour, mais en fonction du lendemain. A notre époque le passé commun et aussi le besoin primordial de coopération authentique font de la Russie et de la France des partenaires politiques et économiques, surtout sur le plan énergétique.

Il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy est avocat de formation. Par conséquent c'est un pragmatiste armé d'un cynisme sain. Dans le contexte de la Ve République, la première en Occident à avoir connu l'horreur des attentats publics, la France et la Russie ne peuvent pas ne pas coopérer de la manière la plus étroite dans la lutte contre le fanatisme et le terrorisme islamiques.

Kommersant

Le Kazakhstan a enterré l'idée de l'Union douanière

Le premier ministre russe Mikhaïl Fradkov s'est heurté mercredi à une critique de la part de la Biélorussie et du Kazakhstan au cours de la réunion du Conseil interétatique des chefs de gouvernement de la Communauté économique euro-asiatique (CEEA). Le premier ministre kazakh Karim Massimov a soutenu l'exigence de la Biélorussie de concerter la politique énergétique des pays de la CEEA et proposé d'ajourner la création de l'Union douanière de la CEEA jusqu'à l'adhésion de tous ses pays membres à l'OMC. Par conséquent, le Kazakhstan a, de fait, enterré l'unique grand projet de la CEEA sur lequel la Russie avait travaillé pendant plus d'un an.

Le premier ministre kazakh a constaté que "les parties ne sont toujours pas parvenues à s'entendre sur la base juridique et normative de la formation de l'Union douanière et sa coordination avec les processus d'adhésion de certains pays de la communauté à l'OMC". Karim Massimov a proposé à la CEEA (regroupant la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan) de ne pas créer cette union tant que ses membres potentiels - la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie - n'auront pas adhéré à l'OMC. Pour l'instant, a-t-il dit, il faut se borner à accomplir un travail préparatoire.

La Russie et le Kazakhstan ont des chances d'adhérer à l'OMC en 2008, alors que la Biélorussie est encore très loin d'une adhésion à cette organisation.

Selon le quotidien Kommersant, cette démarche du Kazakhstan s'explique par les problèmes apparus au cours des négociations avec la Russie sur de nouveaux régimes de transit du pétrole kazakh par les pipe-lines de Transneft vers l'UE. Il y a deux semaines, Karim Massimov a eu des pourparlers simultanés à Astana avec le premier ministre russe et le président polonais Lech Kaczynski. Le président polonais a proposé au premier ministre kazakh de participer au projet d'achèvement de la construction du pipe-line Odessa-Brody-Plock, mais le Kazakhstan qui n'a pas garanti à la Pologne l'intérêt kazakh pour ce projet n'a rien reçu de Mikhaïl Fradkov en échange. C'est probablement la raison des problèmes de la Russie avec la CEEA dans son ensemble.

Les pourparlers sur l'Union douanière se poursuivront au mois de mai, mais les chances de la créer s'amenuisent de façon vertigineuse: en plus de la Biélorussie, à présent le Kazakhstan également fait des objections.

Vedomosti

La Russie rêve d'un tunnel sous le Béring

Les projets grandioses financés par l'Etat deviennent de plus en plus nombreux. La semaine prochaine, les participants à la conférence "Mégaprojets de l'Est russe" signeront un message aux gouvernements de la Russie, des Etats-Unis et du Canada les invitant à soutenir la construction d'un tunnel sous le détroit de Béring. Selon les experts, les dépenses pour sa construction seront amorties en 30 ans et son coût sera de 65 milliards de dollars.

L'ingénieur français Loïc de Lobel avait proposé au gouvernement russe dès 1905 de construire un tunnel sous le détroit de Béring. A cette époque-là, le projet était resté lettre morte. A présent, un dossier de faisabilité économique est à l'examen au Conseil d'étude des forces productrices (CEFP) parrainé par le ministère russe du Développement économique et du Commerce et l'Académie des sciences de Russie.

L'artère transcontinentale Eurasie-Amérique, longue de 6.000 km sur le territoire russe, comprendra trois secteurs ferroviaires: de Berkakit à Iakoutsk, ensuite jusqu'à Magadan et à Ouelen (Tchoukotka). Les continents seront reliés par un tunnel ferroviaire de 100 à 110 km dont la construction prendra 15 à 20 ans. Le temps de retour sur investissements sera, selon le CEFP, de 30 ans depuis le moment où la voie ferrée atteindra le rendement prévu de 70 millions de tonnes par an, ce qui est comparable au trafic marchandises des canaux de Panama et de Suez. Le montant des investissements est évalué à 65 milliards de dollars.

La voie ferrée assurera l'accès aux ressources hydro-énergétiques de l'Extrême-Orient et du Nord-Ouest des Etats-Unis, ce qui permettra de construire des lignes HT et un passage de câbles par le détroit, en reliant les systèmes énergétiques des deux pays. Cette artère pourra assurer le transport de 3% des cargaisons du monde. L'accroissement annuel du PIB mondial sera de 0,3%, celui du chiffre d'affaires des échanges commerciaux représentera 300 à 350 milliards de dollars, estime Viktor Razbeguine, vice-président du CEFP.

Pour l'instant, les fonctionnaires sont placés devant le dilemme suivant: qui financera l'établissement du projet et des devis? note Maxime Bystrov, vice-directeur de l'Agence fédérale russe pour la gestion des zones économiques spéciales. Le tunnel pourra être exploité comme une concession, estime-t-il. Le ministère des Transports soutient cette idée, mais il n'a pas encore étudié le projet en détail, a déclaré Timour Khikmatov, représentant du ministère.

Selon Boulat Stoliarov, directeur de l'Institut de politique régionale, personne ne construira cette voie ferrée dans un avenir prévisible. Les projets d'investissement actuels en voie de réalisation avec le soutien de l'Etat supposent que l'infrastructure sera créée autour de 10 à 15 ouvrages industriels. Dans ce cas, les intérêts de courte durée seront insuffisants, estime M. Stoliarov. Quant à l'information selon laquelle le volume des marchandises passant par le détroit de Béring pourrait être égal au trafic du canal de Suez, Ivan Chatskikh, directeur général d'UPS RUS, l'a accueillie comme une plaisanterie.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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