La Russie et l'opposition ukrainienne

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MOSCOU, 23 juin (par Alexei Makarkine, directeur général adjoint du Centre de technologies politiques - RIA Novosti).

Les élections législatives auront lieu l'année prochaine en Ukraine. Une question se pose: la Russie, doit-elle soutenir activement les opposants à Viktor Iouchtchenko qui veulent prendre leur revanche pour l'échec essuyé au troisième tour (illégitime, selon eux) de la précédente élection présidentielle, ou bien cesser de miser sur qui que ce soit.

Le Parti des régions de l'Ukraine dont la base politique se trouve au Donbass rassemble les partisans de Viktor Ianoukovitch. Rien ne garantit qu'elle recueillera un nombre de voix comparable à celui obtenu par Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle. Il était alors candidat de toutes les forces opposées à Viktor Iouchtchenko. Aujourd'hui, Viktor Ianoukovitch n'est que le leader politique d'une grande région du pays. Plusieurs sponsors du parti s'en sont éloignés et s'efforcent d'établir de bons rapports avec les nouvelles autorités du pays.

Le Parti social-démocrate (unifié, PSD) est la deuxième formation d'opposition par son importance. En 2002, ce parti est entré à grand-peine à la Rada (parlement) alors qu'il bénéficiait du soutien de l'administration. Le président du Parti, Viktor Medvedtchouk, a perdu son poste important de chef de l'administration présidentielle, ses compagnons ont été limogés de leurs postes de gouverneurs de plusieurs régions.

Mais l'essentiel est que ni les dirigeants régionaux, ni le Parti social-démocrate ne peuvent formuler d'alternative intelligible à la politique "orange". Ils essaient d'agir en qualité de défenseurs des droits de l'homme, mais ils n'arrivent pas à élever leur cote de popularité en critiquant la campagne lancée par les autorités contre la corruption: les électeurs apprécient les persécutions visant les hauts fonctionnaires. En fait, les dirigeants régionaux et le PSD se trouvent sur la défensive et ne proposent aucune alternative offensive à la politique "orange". Qui plus est, ils ne parviennent toujours pas à s'unir: rappelons que "Notre Ukraine" n'a pu remporter les élections de 2002 qu'en réunissant tous les partisans de l'opposition au régime de Leonid Koutchma.

Enfin, il ne faut pas oublier la coalition d'opposition radicale en voie de formation: les socialistes progressistes de Natalia Vitrenko, le parti "Derjava" de l'ancien procureur général Guennadi Vassiliev et l'organisation orthodoxe d'Odessa "Patrie unie" dirigée par Valeri Kaourov. Ces adversaires les plus conséquents des "oranges" lancent des actions de protestation massives.

Cette coalition radicale est capable, semble-t-il, de devancer ses concurrents principaux dans le camp de la gauche: les communistes. Leur leader Piotr Simonenko qui a déjà échoué à l'élection présidentielle n'a pu choisir après le premier tour entre les deux autres candidats à la présidence et est resté à la périphérie de la vie politique. Les communistes ukrainiens peuvent connaître le sort de leurs collègues russes qui ont été fortement "bousculés" par leurs concurrents du parti "Rodina" ("Patrie").

Que peut faire la Russie dans cette situation? Elle devrait occuper une position modérée à l'égard des projets de la nomenklatura de l'opposition qui n'a pas encore prouvé la capacité d'agir efficacement dans les nouvelles conditions. Il serait très dangereux de répéter l'erreur de l'année dernière, lorsque la Russie a misé sur l'une des parties et a dû établir difficilement les rapports avec les nouvelles autorités.

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