Un film sur les répressions staliniennes d’une réalisatrice russe de 23 ans

© Image : © Sophia TchernychevaUn film sur les répressions staliniennes d’une réalisatrice russe de 23 ans
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Une pléiade de jeunes réalisateurs russes commence à se faire une place dans le cinéma international. Et Sophia Tchernycheva, diplômée en 2013 de l’Université russe du cinéma Guerassimov, en est un bon exemple.

Dans un entretien accordé à La Voix de la Russie, elle parle de son diplôme universitaire, du court-métrage Konets Epokhi(La fin d’une époque) qui lui a permis de remporter des prix à deux grands festivals du court-métrage. Le film, basé sur un récit de l’écrivaine Dina Roubina, parle des répressions à l’époque stalinienne.

La Voix de la Russie : Pourquoi as-tu choisi de mettre en scène le récit de Dina Roubina Lioubka ?

Sophia Tchernycheva : Ce récit m’a touché il y a quelques années, lorsque je recherchais de la matière pour mon premier travail universitaire. Frappée par l’intrigue du récit, j’ai décidé d’en faire mon premier film.

LVdlR : Peux-tu résumer le scénario de ton film ?

ST : L'histoire se déroule en 1952, lorsqu’une nouvelle vague de répressions staliniennes a commencé. On recherchait alors « des ennemis du peuple ». Une femme médecin, Ira Zaltsman, essaie de survivre avec sa fille dans une petite ville industrielle. Et dans ce film, ce sont des personnages tout à fait inattendus qui font preuve d’honnêteté et de dignité humaine.

LVdlR : Pourquoi est-ce que tu t’es intéressée au thème des répressions staliniennes ?

ST : Mon arrière-grand-père, Vassili Dianov a été envoyé en 1938 en exil dans le Grand Nord, dans un camp de Vorkouta, sur une dénonciation d’un voisin. Et six mois plus tard, la moitié des hommes des villages d’où il était originaire a été victime de répressions, tout simplement parce qu’ils connaissaient tous mon arrière-grand-père. Ce voisin en faisait partie. D’ailleurs, il n’a pas survécu. Ma grand-mère était alors considérée « fille de l’ennemi du peuple », et on lui refusait l’entrée à tout établissement supérieur. Cela était considéré comme honteux d’être un enfant d’un ennemi du peuple, on essayait de le cacher. Mais il y avait beaucoup de personnes qui se sont alors retrouvées dans cette situation. Mais ce qui est paradoxal, c’est que ma grand-mère n’a retenu que des émotions positives de cette époque. Elle était persuadée que les journaux soviétiques écrivaient la vérité. Et lorsque Staline est mort, elle pleurait toute la journée, ne comprenant pas comment le pays allait vivre sans leader.

LVdlR : Pourquoi as-tu décidé de devenir réalisatrice de cinéma?

ST : Dès l’école primaire, j’étais déjà passionnée par ce métier. Je pensais qu’on pouvait consacrer toute sa vie à ce métier, et qu’il serait toujours très varié et plein de découvertes. C’est une profession dont on ne voit pas les limites.

LVdlR : Quelles difficultés as-tu rencontrées dans la réalisation de ce film ? Etait-ce difficile de trouver le financement ?

ST : C’était particulièrement difficile de replonger le spectateur dans l’atmosphère des années 1950. Il fallait faire en sorte que tous les objets à l’écran soient de cette époque. Sinon, une grande partie de mon travail, c’était un travail d’organisation, et non pas de réalisation. Quant au financement… je voudrais remercier mon mari. Nous avons reporté l’achat d’une voiture.

LVdlR : Le fait d’obtenir des prix à des festivals divers, et notamment le grand-prix au festival Life Tree à Moscou, qu’est-ce que cela t’a apporté ?

ST : J’ai participé à trop peu d’événements de ce genre, et je sous-estimais leur importance auparavant. C’est en effet une très bonne occasion de présenter son travail aux spectateurs et faire connaissance avec des personnes avec lesquelles une collaboration peut se mettre en place./N

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