La renaissance de South Stream, conséquence de la crise ukrainienne

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Le projet South Stream est en train de renaître à la vie. Nonobstant les menaces de geler le chantier lancées par la CE, les autorités de nombreux pays européens font toujours de la réalisation du projet leur tâche stratégique.

Plusieurs pays européens ont confirmé cette semaine leur intéressement au projet. Il s’agit plus particulièrement de l’Italie, de la Serbie et de la Slovénie. Le travail sur le projet été impulsé par la situation en Ukraine et les aléas gaziers. De nombreux pays qui n’ont pas oublié les problèmes associés au transit par l’Ukraine « indépendante », se sont mis à chercher une planche de salut à la fois à court et à long terme. Le gazoduc South Stream reste en attendant l’unique solution viable pour l’Europe. Alexandre Passetchnik, directeur du département analytique du Fonds de sécurité énergétique nationale, estime que ce regain d’activité s’explique précisément par la peur d’avoir froid en hiver.

Chacun des pays qui participent au projet South Stream compte devenir indépendant à l’énergie, accroître le niveau de sa sécurité énergétique et participer aux possibilités d’investissements offertes par le projet. Le pragmatisme commence à l’emporter sur l’orientation politique et cette tendance ne fera que s’accentuer à l’approche de l’hiver. L’Ukraine n’hésitera pas à siphonner le gaz destiné à l’Europe. Ces risques iront grandissant et le gazoduc South Stream deviendra réellement indispensable.

Christophe de Margerie, le PDG de Total, a dit cette semaine qu’au lieu de réduire la dépendance au gaz russe, l’UE devrait assurer la sécurité de ses livraisons y compris au détour de l’Ukraine. Le projet South Stream est un instrument idéal permettant de réaliser ces objectifs. Pourtant, la construction de ce gazoduc traîne en longueur à cause des dissensions entre Gazprom et Bruxelles. Le problème n’est pas économique mais géopolitique, estime Boris Chmelev, directeur du centre de politique extérieure russe de l’Institut d’économie :

« Les divergences entre la Russie et Bruxelles concernant South Stream ont un caractère de principe et on aura le plus grand mal à arriver à un accord pace que Bruxelles devra faire preuve de grande volonté politique et désavouer un grand nombre de ses propres déclarations. Il aura en outre à régler un grand nombre de questions juridiques associées au chantier du gazoduc. »

Les États-Unis ont à leur tour mis la main à la pâte. En fait, quand ce gazoduc entrera en service, Gazprom n’aura plus besoin du système transitaire ukrainien qui ne trouvera plus preneur. Or, Washington veut s’accaparer cet actif, estime Maxime Cheïne, analyste du groupe financier BKS :

« Les États-Unis seraient en négociations avec l’Ukraine et Kiev pourrait s’engager à vendre aux sociétés américaines une partie de ses capacités gazières. Et comme South Stream est le concurrent du système transitaire ukrainien, il faut tout faire pour torpiller ce projet pour permettre aux Américains de se remplir les poches. »

Cette version des faits semble se confirmer. Premièrement, parce que Kiev a déjà adopté la loi permettant aux investisseurs étrangers de détenir jusqu’à 49% des parts du système de transport de gaz. Deuxièmement, les États-Unis mettent ouvertement les Européens sous pression. La Bulgarie d’abord et maintenant la Slovénie. Ljubljana s’est fait rabrouer par Washington au sujet de South Stream. Mais il faut rendre justice à la Slovénie qui s’est démarquée des jeux politiciens en faveur de sa propre sécurité énergétique en optant pour la construction du gazoduc dans les meilleurs délais. /N

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