La Russie et la Chine sont les seuls pays, outre les Etats-Unis, à développer des bombardiers stratégiques du futur ce qui rend possible et souhaitable la coopération étroite entre les ingénieurs d'études russes et chinois.
Pour ce qui est de l'appareil russe, son projet à part entière et la fabrication de ses éléments vont commencer.
Les caractéristiques du futur bombardier russe n'ont pas été encore dévoilées. Les experts supposent que ce sera un avion ayant une vitesse présonique avec une signature radar réduite et ressemblant, en partie, au B-2 Spirit américain. Son projet doit être facilité grâce aux technologies de furtivité utilisées sur l'avion T-50. Si tout va bien, la production pourra commencer dans la première moitié de la prochaine décennie. Le projet de l'aéronef a été confié à la société Toupolev faisant partie de l'OAK et créée sur la base du bureau d'études soviétique se spécialisant dans les bombardiers.
Les informations sur le projet chinois sont elles aussi peu nombreuses. Pour les deux pays les bombardiers sont nécessaires en tant qu'élément du système de dissuasion stratégique. En plus, vu l’immensité de son territoire, la Russie a besoin d'un avion ayant un grand rayon d’action et capable de frapper dans n'importe quel endroit sur le périmètre de ses frontières. Quant à la Chine, il lui faut un bombardier en mesure de détruire des cibles éloignées maritimes et terrestres dans l'océan Pacifique.
Face à la forte détérioration des relations entre la Russie et l'Occident et au rapprochement russo-chinois il est peu judicieux que les deux pays développent deux projets ayant des caractéristiques similaires. Dans les conditions actuelles il serait tout à fait justifié de réaliser un projet conjoint de bombardier stratégique russo-chinois, ce qui permettrait de partager les frais et les risques techniques qui sont énormes. La production conjointe serait un facteur de plus du renforcement de la confiance mutuelle dans le domaine militaire et militaro-technique.
En l'occurrence, les côtés forts et faibles de l'industrie russe et chinoise pourraient être compensés. La Russie devance largement la Chine dans l'expérience des projets de tels avions, dans la construction des moteurs et des radars, ainsi que dans certains autres domaines. La Chine, pour sa part, a enregistré d'importants succès dans la production des matériaux composites aéronautiques et de certains types de composantes électroniques. Etant donné qu'à l'opposé des avions de combat tactiques les bombardiers stratégiques ne sont pratiquement pas exportés, la coopération entre les participants au projet n'aboutirait pas à de nouvelles contradictions entre eux sur le marché mondial des armements.
Dans le contexte de la relance de la course militaro-technique dans le monde, les Etats-Unis misent sur l'extension de la coopération internationale et impliquent dans leurs projets des pays alliés, notamment la Grande-Bretagne et le Japon.
Pour conserver leurs positions, la Russie et la Chine, ces deux puissances militaro-techniques du monde non-occidental, devraient renforcer leur coopération. Malheureusement la concurrence et les recherches d'un succès à court terme priment dans la politique des deux pays. T
