L’enlèvement de l'Europe

L’enlèvement de l'Europe
S'abonner
Avant d’aborder le vif de mon sujet, je trouve nécessaire de faire recours à une petite digression historique pour donner une idée générale de l’évolution de la pensée européenne en matière de la défense.

La création de l’OTAN, somme toute logique, dans l’atmosphère extrêmement tendue de l’après-guerre a mis l’Europe, non moins logiquement, sous l’égide des Etats-Unis seule puissance de la coalition antihitlérienne dont l’économie est restée à l’abri des dévastations de la Seconde Guerre mondiale. Mais à mesure que les pays européens et surtout la France gaullienne reprenaient du poil de la bête la férule américaine commençait à les gêner, et cela au point de pousser le président Charles de Gaulle à abandonner la structure militaire de l’Alliance atlantique. Personne n’a jamais nié que cette démarche fût conceptuellement liée à son idée « d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural ».

Pourtant l’Europe occidentale n’a pas réagi à cet appel pour s’occuper de la création de son espace économique uni en confiant sa sécurité moins à l’OTAN qu’aux Etats-Unis. Cela avec d’autant plus de plaisir que cette position leur permettait d’économiser sur leurs budgets militaires.

Certes, depuis cette époque l’Europe procédait de temps à autre à des timides tentatives de formuler sans grande conviction sa propre stratégie de défense. Cependant la piètre efficacité de ces tentatives est traduite de manière exhaustive dans la formule idyllique qui définit la stratégie européenne de sécurité adoptée il y a dix ans : Une Europe sûre dans un monde meilleur.

Guili-guili-guili et des poutous partout.

Dans ce contexte il n’est pas du tout étonnant que les armées européennes dont les effectifs ont été réduits au minimum par la pingrerie budgétaire ne soient bonnes aujourd’hui qu’à jouer le rôle des vivandières accompagnant l’armée américaine partout où Washington trouve utile de promouvoir « les valeurs universelles ». Comme il n’est pas étonnant que l’appartenance des pays européens à l’OTAN ne soit qu’un prétexte qui permet aux Etats-Unis de se servir de l’Europe comme d’une position stratégique pour y garder ses armes atomiques ou installer les systèmes de défense anti-missile.

Or, pour paradoxal que cela puisse paraître, la crise ukrainienne donnait à l’Union européenne une chance de la régler entre les Européens « de l’Atlantique à l’Oural ». Au lieu de cela les pays de l’Union européenne ont préféré se blottir contre le dos des Américains pour se féliciter du leadership que les Etats-Unis reprennent en Europe et pour prôner une nouvelle « consolidation de l’OTAN ». Alors une question à deux sous : les Américains, sont-ils vraiment intéressés dans cette situation à contribuer loyalement au règlement de cette crise ou sont-ils décidés, au contraire, à le saboter pour continuer de maintenir l’Europe sous leur coupe, quitte à bouleverser la coopération économique entre l’Europe et la Russie?

Surtout quand on sait que dans le second cas les Etats-Unis avec les malheureux 19 milliards de dollars d’échanges avec la Russie ne perdront pratiquement rien par rapport à l’Union européenne qui risque d’y perdre 300 milliards de dollars.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала