L'infructueuse et humiliante tournée d'Obama en Europe

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Le président américain Obama a passé une semaine en Europe pour tenter de convaincre ses partenaires européens de sanctionner la Russie après le référendum en Crimée. Il n’a pas obtenu de sanctions économiques de Bruxelles contre Moscou, mais a en revanche pu entendre beaucoup d’assurances de solidarité avec Washington. Les Européens ont joué au plus fin en évitant toute mesure radicale mais tout en gardant une rhétorique pro-américaine.

Le reformatage du G8 en G7 (8 moins la Russie), démarche insignifiante mais chargée de valeur symbolique pour les États-Unis, a été le meilleur cadeau offert à M. Obama.

La visite européenne du président américain s’est conclue par la rencontre avec le pape et les dirigeants italiens. C'est par le Colisée romain que M. Obama a été le plus impressionné, puisqu'on lui avait organisé une visite individuelle qui d’ailleurs a duré autant que le sommet UE-USA à Bruxelles. L’arène des gladiateurs a manifestement impressionné M. Obama plus que le sommet, à en juger par sa phrase : « C’est plus grand que certains stades modernes de baseball. J’aimerais savoir combien de spectateurs peuvent y tenir ».

Sur le chapitre des sanctions européennes contre le Kremlin, les dirigeants de l’UE l’ont écouté poliment, hochant la tête d’un air entendu, mais ont refusé de décréter des sanctions. En effet, les principaux membres de l’UE avaient du mal à comprendre pourquoi ils devaient rompre les liens avec leur principal partenaire commercial en dehors de l’UE, dans le seul but de soutenir le cabinet ultrantionaliste et pronazi installé par Washington à Kiev. En effet, plus de 300 000 emplois dépendent des liens économiques avec la Russie pour ce qui est seulement de Allemagne.

La plupart des analystes russes sont sûrs que les propos américains sur les sanctions font partie de la guerre psychologique et de l’information menée contre Moscou. S’y ajoute également la panique manifeste de Washington face à l’échec de « l’opération ukrainienne ». En réalité, ni les États-Unis, ni à plus forte raison l’Europe, n’ont aucune intention d’introduire des sanctions, estime Alexeï Martynov, directeur de l’Institut international des pays émergents :

« Le moment est mal choisi pour l’Occident de sanctionner la Russie. C’est que c’est précisément l’Occident qui, depuis ces 20 dernières années, a déployé des efforts titanesques pour intégrer la Russie à l’économie globale. Est-il fou au point de se mutiler ? La rhétorique qu’on entend aujourd’hui relève de danses diplomatiques. Il existe en fait une certaine tradition du « discours de crise » que suit aujourd’hui la diplomatie occidentale. L’Occident se refuse tout simplement à accepter que la Russie applique une politique indépendante, et fait ce qu’il considère comme juste et nécessaire. »

Il était clair déjà en début de  semaine que la majorité des pays de l’UE n’avaient aucune intention de commencer une guerre commerciale avec la Russie. D’ailleurs, c'est ce qu'a déclaré le parlement tchèque sans ambages.

La Finlande estime quant à elle qu’il est hors de question de parler non seulement de sanctions économiques quelconques, mais même du blocage des contacts politiques, compte tenu de sa situation particulière et des liens très étroits avec son voisin de l’Est, estime le politologie finlandais Johan Beckman :

« Nous n’appliquons aucune sanction. Notre président Sauli Niiniste a déclaré que ni lui, ni les autres hommes politiques finlandais, n’avaient l’intention d’annuler toutes les rencontres au sommet, comme le demande l’UE. »

L’Intervention de M. Obama sur la question des relations euro-atlantiques a constitué l’apogée de sa tournée européenne. Ce qui surprend le plus, c’est le fait qu’il a rappelé dans son discours l’accord signé le 21 février entre l’opposition et M. Ianoukovitch, et en a appelé à respecter ses grandes lignes. Précisons que ce document a été balayé d’un revers de la main par les opposants au lendemain de sa signature. M. Obama a également déclaré qu’un dialogue entre la Russie et le gouvernement ukrainien avec la participation de la communauté internationale s’imposait pour assurer la stabilité dans la région :

« Il faut envoyer les missions d’observateurs pour assurer la protection des droits de tous les Ukrainiens, il faut faire démarrer le processus des réformes constitutionnelles en Ukraine et assurer les élections libres et justes ce printemps. »

Le président américain a même avoué que les événements en Ukraine ne touchaient que très peu les intérêts de son pays et qu’on pourrait même passer outre, si ce n’était la fidélité aux idéaux politiques unissant les États-Unis et l’Europe.

Pourtant, les opinions concernant « la fidélité aux idéaux politiques communs » divergent en Ukraine et même en Europe. C’est ainsi que Nigel Farage, personnage haut en couleurs de la Grande Bretagne contemporaine et du Parlement européen et leader du Parti de l’Indépendance du Royaume Uni, est sûr que l’Europe et les États-Unis devraient « brûler de honte » pour tout ce qu’ils ont fait en Ukraine :

« Nous avons donné de faux espoirs à un groupe de ressortissants de l’Ukraine de l’Ouest au point qu’ils ont renversé leur propre leader légitime. C’est ce fait qui a provoqué la réaction de Vladimir Poutine. Pour parler ouvertement, l’UE a les bras entièrement maculés de sang en Ukraine. Personnellement, je me fiche complètement de l’armée ou de la politique commune européenne. Cette politique n’a rien apporté de bon à l’Ukraine. »

Par la méchante ironie du sport, c’est précisément pendant les négociations menées par le président américain à Bruxelles que le gouvernement de Maïdan à Kiev a lancé une sorte de « nuit des longs couteaux » version lente. Les autorités kiéviennes ont procédé à l’élimination physique de leurs anciens alliés, les combattants du Praviy Sektor (Secteur droit), ce pilier de Maïdan. C’est le « führer » du Secteur droit pour la région de Rovno Sachko Bily ou Alexandre Mouzytchko, qui est tombé le premier abattu par les policiers anti-émeute Sokol. A partir de la nuit du 27 au 28 mars, Maïdan menace de prendre d’assaut la Rada (Parlement ukrainien) pour venger son leader et demande la démission du ministre de l’intérieur par intérim Arsène Avakov.

En 1934, par ordre personnel d’Adolf Hitler, les sbires des SS ont exterminé les bandes de la SA avec leur chef de file Ernst Röhm. Ce carnage est entré dans l’histoire sous le nom de « nuit des longs couteaux ». C’était il y a exactement 80 ans jour pour jour. Cela ressemble en tout point à ce qui se passe en Ukraine et c’est une ressemblance très inquiétante.

Après Rome, Obama se rendra en Arabie Saoudite. Selon les médias, sa mission consistera à essayer de convaincre Riyad de faire baisser les prix du brut sur les marchés mondiaux pour faire du tort à la Russie.    N

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