Législatives ukrainiennes : une répétition avant la présidentielle

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A moins de deux semaines des élections législatives, l’actuel équilibre des partis candidats au parlement ukrainien ne risque pas de changer radicalement, sont persuadés les sociologues. Ainsi, le Parti des Régions devrait conserver la majorité. Toutefois, certains changements peu notables pourraient avoir lieu. Le parlement ukrainien de la septième législature deviendra une arène de compromis, car aucune force politique ne sera capable de faire face toute seule aux autres partis sans passer d'alliances.

Le Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch est soutenu par 23% des électeurs, alors que le parti Batkivchtchina (Mère patrie), fondé par l’ex-première ministre Ioulia Timochenko, pourrait recueillir 15% des voix, selon le dernier sondage. Le parti Udar (Alliance démocratique ukrainienne pour les réformes), du boxeur Vitali Klitchko, devrait réaliser le même score. Ce sont ces deux partis qui vont se battre pour la deuxième place au parlement. Les communistes ukrainiens devraient obtenir la quatrième place. Quant au parti  Nacha Ukraïna (Notre Ukraine) de l’ex-président « orange » Viktor Iouchtchenko, il ne fera pas plus de 2% - un score qui équivaut à la marge d’erreur statistique des sondages. Les 22 partis politiques restants qui figureront sur les bulletins de vote le 28 novembre, ne devraient pas obtenir plus de 1%. Toutefois les sociologues n’excluent pas des surprises, notamment en ce qui concerne les résultats du parti nationaliste Union panukrainienne Svoboda (Liberté).

« Il  ne suffit pas de citer les chiffres », analyse Igor Kogout, chef du Laboratoire des initiatives législatives dans une interview à La Voix de la Russie. « Car les résultats des circonscriptions  uninominales joueront le rôle principal dans les résultats du scrutin. Les résultats dans les circonscriptions seront concentrés soit autour les représentants du parti au pouvoir, surtout à l’Est et dans le Sud de l’Ukraine. Au centre du pays, la majorité des électeurs choisiront des candidats indépendants qui sont également soutenus par le parti au pouvoir. C’est dans les régions occidentales que l’image du scrutin sera la plus contrastée, car les électeurs de cette région ne soutiennent pas uniquement l’Opposition unie, mais aussi les partis Svoboda et Udar. Dans certaines régions le parti Vpered Ukraïna !  (Ukraine, en avant !), de Natalia Korolevskaïa, pourrait sortir gagnant. Mais, ces particularités locales ne risquent pas de changer la tendance générale. Le Parti des régions remportera ces élections, mais avec une majorité qui ne dépassera pas 250 sièges ».

Les coalitions seront inévitables au nouveau parlement. Le parti Batkivchtchina est prêt à s’unir avec Svoboda, Udar et tous les groupes politiques opposés au président actuel Viktor Ianoukovitch. Toutefois, des frictions surviendront entre les membres des coalitions, ce qui laisse penser que la coalition de l'opposition au parlement est assez fragile.

Quant au Parti des régions, il pourrait s’unir avec les communistes, formant ainsi une majorité constitutionnelle. Les membres du Parti de Ianoukovitch ne trouveront pas d’autres alliés, explique pour La Voix de la Russie le directeur général du Centre d’étude de l’espace post-soviétique Alexeï Vlassov.

« La scène politique a subi une certaine polarisation en Ukraine et l’opposition s’est consolidée. Le Parti des régions ne parviendra pas à trouver de consensus avec d’autres groupes politiques, car il a déjà intégré toutes les forces indépendantes d’accord pour collaborer avec lui ».

Une union du Parti des régions avec le Parti communiste d’Ukraine ne devrait étonner personne. On dénote des accents nostalgiques dans le discours des communistes. Mais ils mettent en avant la  réintégration de l'espace post-soviétique, ce qui correspond à la volonté de la majorité de la population. Alexeï Vlassov ajoute que les questions économiques sont actuellement au centre des discussions pendant cette campagne électorale.

« Cette fois, ni le thème de la Russie, ni le thème du statut de la langue russe ne sont prioritaires. La loi sur la reconnaissance du russe comme langue régionale dans certaines régions a été adoptée avant le début de la campagne électorale pour les législatives. C’est la situation économique de l’Ukraine qui est très discutée actuellement. L'opposition critique le gouvernement pour l’inefficacité de son programme économique et son incapacité à édifier des relations plus transparentes avec les milieux d'affaires. Il me semble que de son côté, le Parti des régions mène sa campagne électorale avec beaucoup de confiance. Mais pourra-t-il conserver cette confiance et la mobilisation de ses électeurs jusqu’aux élections, compte tenu de la différence de potentiels entre l’opposition et le pouvoir ? C’est l’objectif que poursuit le siège de campagne du Parti des régions ».

Les législatives ukrainiennes sont une sorte d’élection primaire avant l’élection présidentielle. Leurs résultats donneront l'occasion d'évaluer la capacité et le degré de préparation de chacun des dirigeants politiques à proposer à la nation un consensus sur l’avenir du pays. T

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