Que se passe-t-il au Mali et autour de celui-ci ?

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Que se passe-t-il au Mali et autour de celui-ci ? - Sputnik Afrique
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Voici notre rubrique hebdomadaire Gros plan sur l’Afrique. Aujourd'hui notre commentateur Alexeï Grigoriev vous parlera de la situation au Mali. A la fin de l'émission, on survolera les principaux événements de la semaine en Afrique.

Voici notre rubrique hebdomadaire Gros plan sur l’Afrique.  Aujourd'hui notre commentateur Alexeï Grigoriev vous parlera de la situation au Mali. A la fin de l'émission, on survolera les principaux événements de la semaine en Afrique. Envoyez-nous vos commentaires à l'adresse électronique yazon@ruvr.ru.

Le cocktail Molotov est connu de tout le monde ou presque. Mais pour ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, c'est une bouteille remplie de substance inflammable qu'on suffit de jeter sur une voiture pour que celle-ci brûle comme une torche. Les images qu'on voit sur la télé, consacrées aux événements au Mali, tout comme c'était le cas avec les reportages au début du printemps arabe en Egypte, montrent fréquemment les cocktails Molotov.  Le journaliste malien  Adam Thiam doté apparemment du bon sens d'humour, a transformé le « cocktail Molotov » en « cocktail Malitov ». Difficile à imaginer les Maliens fabriquer et utiliser les « cocktails Malitov ». Cependant, la situation dans le pays est extrêmement tendue un mois après le coup d'Etat militaire effectué le 22 mars par la junte militaire. Ceci est vrai surtout au nord appelé par  Adam Thiam «A qmistan », c'est-à-dire pays d'Al-Qaida au  Maghreb islamique (AQMI). Pourtant sous la pression de la de la Communaute economique des Etats de l’Afrique de l’Ouеst, le leader de la junte, Amadou Sanogo, a signé un accord transférant le pouvoir au gouvernement civil. Le 13 avril  l'ex-président de l'Assembl ée nationale, Dioncounda Traoré est devenu président par intérim du pays. Il vient de nommer Cheick   Modibo Diarra  son premier ministre. Celui-ci est, d'ailleurs, le célèbre astrophysicien qui a travaillé pendant longtemps à l'Agence aérospatial américain. Néanmoins, selon le journaliste Adam Thiam,  la classe politique et les milieux diplomatiques maliens soupçonnent les putschistes de ne pas vouloir lâcher les brides du pouvoir. C'est ce que a dit à la Voix de la Russie l'ambassadeur russe au Mali Alexei Doumian.

« Certes, ils participent à l'administration du pays et jouent pour le moment un rôle assez important, - raconte Alexeï Doumian. - Il est difficile de faire des prévisions surtout dans le contexte d'une nouvelle vague d'arrestations. Il est vrai cependant que tous les arêtés (11 civils et autant de militaires) ont été libérés hier soir mais c'est un symptôme inquiétant et la communauté internmationale condamne ce genre d'arrestations arbitraires qui vont à l'encontre de l'ordre constitutionnel. Il y a eu des rumeurs que des cachettes contenant des armes ont été découvertes dans les maisons de certains arêtés. Je veux dire par là que la situation est très incertaine et même tendue comme vous le dites, du moment que la junte n'exerce pas encore pleinement le  pouvoir ».

Le gouvernement civil a une tâche très complexe : organiser les élections présidentielles en seulement quarante jours. Mais aussi, et c'est cela qui est le plus difficile, régler la situation au nord du pays. Mission quasiment impossible selon certains. Au nord du Mali il y a un vrai  melting pot  islamique :  AQMI,  Ansar Dine (groupe islamiste dirigé par un chef touareg malien), Boko Haram (groupe islamiste né au Nigeria), un groupe arabe armé et peut-être demain les shebab (islamistes somaliens). Leur but est d’instaurer la sharia sur tout le territoire du Mali, ce à quoi s'opposent la majorité absolue des Maliens. Commentaire du plus célèbre prédicateur malien, guide d'une association musulmane présente dans plusieurs pays ouest-africai ns, Chérif Ousmane Madani Haïdara.

Ce rassemblement des islamistes radicaux s'oppose au nord du Mali au Mouvement national pour la liberation d’Azawad qui représentent les intérêts des Touaregs. Le 6 avril dernier l'Etat d'Azawad a été proclamée et la séparation du Mali demandée. L’auto-proclamation d'Azawad n'a fait qu'accentuer les tensions au nord et au sud du Mali. Les nouvelles autorités civiles du pays ont déclaré la guerre. Toute la communauté africaine et internationale s'est prononcée pour la préservation de l'intégrité territoriale du pays. En même temps il y a des politiques en Afrique et en Europe qui considèrent que le problème touareg peut être résolu en leur donnant le statut d'autonomie au sein de l'Etat malien. Une autonomie possible et la situation au nord du Mali so nt évoquées dans une interview à la Voix de la Russie d'Emmanuel Gregoire, expert français des Touaregs, d irecteur de recherche a l’Institut de recherches pour le développement, membre du Centre d’études africaines.

La déstabilisation du Mali et sa transformation possible en une sorte de l'Afghanistan africain ont été également évoquées à une conférence de presse des ministres des Affaires étrangères russe et marocain, Sergueï Lavrov et Saad - Eddine El Othmani.  Voici ce qu'a répondu à la question de notre correspondant le ministre marocain.

«  Nous sommes intéressés à ce que le Sahel soit une région stable, répond le ministre marocain. Le danger d’un regain d’activité des groupes islamistes, de dissémination d’armes subsiste et nous poursuivons le dialogue avec les pays voisins pour renforcer la sécurité. Nous espérons que le dialogue débouchera sur un partenariat stratégique. La Russie, grande puissance et grand joueur sur l’échiquier international, doit jouer son rôle dans ce processus. Le Maroc participe à la recherche de moyens de remédier à la situation explosive au Sahel. J’ai visité ces derniers jours la Côte d’Ivoire, le Niger et le Burkina Faso et je me suis entendu avec leurs leaders de promouvoir la coopération dans ce domaine. Il est prévu de convoquer en mai au Maroc une conférence à un niveau élevé des Etats du Sahel et du Sahara et des pays maghrébins. Vingt-huit pays africains intéressés à régler la crise dans la région, à y assurer la stabilité et la sécurité doivent y participer »

Le ministre russe des AE a dit, en particulier, en répondant à la question de notre correspondant :

« La Russie soutient activement les efforts des Africains en vue de régler les problèmes compliqués au Sahel, dit Sergueï Lavrov. La communauté mondiale doit encourager activement ces efforts. Or, il faut tirer l’enseignement des récents événements en Afrique, en premier lieu en Libye. L’OTAN y a engagé les bombardements n’ayant rien à voir avec le respect du mandat du CS de l’ONU. Le pays s’est avéré déstabilisé et nous soutenons activement les efforts des autorités de transition en vue d’établir l’ordre mais les problèmes n’en deviennent pas moins nombreux en Libye. En plus des explosions de violence en Libye, l’instabilité se répand sur les Etats voisins sous forme de contrebande d’armes, d’infiltration des commandos, etc. Nous assistons aujourd’hui au Mali aux résultats des processus de déstabilisation. De ce fait, nous sommes absolument convaincus que le scénario libyen ne doit pas se répéter où que ce soit ».

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