Une préparation militaire qui n’a rien d’extraordinaire

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Les exercices militaires de l'armée sud-coréenne à la frontière avec la Corée du Nord se sont terminés sans incidents. L’artillerie a effectué une série de tirs dans les eaux contestées au large de la frontière maritime entre les deux pays.

Le commandement militaire de la Corée du Sud a signalé qu’il s’agissait des exercices militaires réguliers. Toutefois, les experts soulignent qu'ils étaient organisés près de l’île de Yeonpyeong . En 2010, Pyongyang a répondu à l’activité militaire éducative de Séoul par des tirs d'artillerie. Quatre personnes sont mortes à ce moment là et une vingtaine de citoyens sud-coréens ont été blessés.

Lors des exercices de cette année, les tirs d’artillerie ont duré environ deux heures. Le représentant des Forces armées de la République de Corée a déclaré que l’objectif de ces exercices, c’est de « tester la préparation au combat dans la région » et vérifier la rapidité d’intervention de la marine. Par ailleurs, le commandement de la Corée du Sud souligne qu’il s’agit des exercices « de routine », qui ont été menés sur le territoire du pays. Et « toutes les déclarations de Pyongyang à ce propos sont qualifiés d’intenables », mentionne le communiqué du commandement. La Corée du Nord a annoncé comme d’habitude que son armée se trouvait en état d’alerte, en précisant qu’elle a « l’intention de faire une riposte dure à cette attaque ». Le comité nord-coréen pour la réunification pacifique a même affirmé que le pays était « prêt à un conflit local et à une guerre à grande échelle ». La RPDC à chaque fois réagit à ces exercices comme si c’était une répétition de l'invasion. Mais Pyongyang a de bonnes raisons de le faire, explique à  Voix de la Russie  l’expert en chef de l'Institut de l'Extrême-Orient de l'Académie des Sciences de Russie Konstantine Asmolov. 

« La rhétorique de Corée du Nord vise en grande partie la population du pays et n’est en rien une rhétorique de la menace, mais celle du confinement, si ce n'est pas de la peur. Toutefois, ces enseignements me semblent être très dangereux. Les exercices en soi sont destinés non pas tant à protéger les frontières, que faire en sorte que ces actions soient considérées par le Nord comme une attaque potentielle. Dans ce contexte, il est intéressant de rappeler que les exercices, au cours desquels s’est produit l'incident sur l’île de  Yeonpyeong, ont impliqué près de 70.000 personnes. Et l’armée nord-coréenne, qui a traversé la frontière vers la Corée du Sud lors de la guerre de Corée en 1950, était beaucoup moins nombreuse.

Pyongyang est par ailleurs extrêmement préoccupé par le fait que les tirs actuels précédent des exercices beaucoup plus importants, qui vont commencer le 27 février prochain. 20.000 soldats sud-coréens et 2000 militaires américains y prendront part. À la fin de 2011, après la mort de Kim Jong-il, certaines sources ont commencé à affirmer que ces exercices pourront être reportés. Toutefois, cela ne s’est pas produit. Peut-être, que Séoul et Washington testent de cette manière le nouveau gouvernement de la RPDC, estime le chef du Centre d'études coréennes, Alexandre Zhebine. 

« Les Etats-Unis et la Corée du Sud organisent au moins une dizaine de manœuvres différentes à proximité des frontières maritimes et terrestres de la Corée du Nord. Actuellement à Séoul et dans d'autres grandes capitales, on aurait bien aimé savoir quel est l'équilibre réel du pouvoir en Corée du Nord. Et peut-être, les gouvernements étrangers souhaiteraient pousser le nouveau chef du pays à prendre des mesures risquées ou irréfléchies ».

Les experts soulignent que malgré les déclarations belliqueuses, Pyongyang ne serait pas prêt à une offensive dans le contexte actuel. Et il ne s'agit pas seulement des problèmes économiques ou de l’éventuel isolement international. Pékin et Moscou ne soutiendront pas la Corée du Nord en cas d'agression contre Séoul, estiment les analystes. Et l’armée de la RPDC ne pourra pas résister techniquement à la Corée du Sud en cas d’une confrontation directe, assure Konstantine Asmolov. 

« Même si les Sud-Coréens aiment raconter que l'armée nord-coréenne occupe le quatrième rang mondial par le nombre de soldats, l’armée de la Corée du Sud est sixième dans ce même classement. Et ils utilisent non pas, comme Pyongyang, un équipement militaire qui date des années 1970, mais ont bel et bien un armement qui est à la pointe de la technologie. Il faut également se souvenir qu’il existe un accord sur la défense commune, selon lequel les Etats-Unis en plus de l’aide, effectuent un commandement unifié de l’armée sud-coréenne et américaine en cas d’une attaque du Nord.

Il faut ajouter que Séoul a effectué ces exercices militaires juste avant les pourparlers de la RPDC avec les Etats-Unis sur la question nucléaire nord-coréenne. Ces pourparlers, prévus depuis longtemps, devraient se dérouler le 23 février prochain à Pékin.

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