L'originalité des gratte-ciel moscovites

S'abonner
Ériger 200 gratte-ciel dans plus de 60 zones de la capitale russe d'ici 2015, tel est le projet des autorités moscovites rendu récemment public au cours d'une conférence de presse donnée au siège de l'agence RIA-Novosti.

 Ériger 200 gratte-ciel dans plus de 60 zones de la capitale russe d'ici 2015, tel est le projet des autorités moscovites rendu récemment public au cours d'une conférence de presse donnée au siège de l'agence RIA-Novosti.

"Les gratte-ciel que nous construirons ne seront pas semblables aux buildings occidentaux", souligne le premier adjoint au maire à l'administration de Moscou Vladimir Ressine, directeur du département architecture, construction, développement et reconstruction de la ville. Les architectes créeront des gratte-ciel en se laissant guider par l'esprit et la lettre du style architectural moscovite. Chaque édifice différera des autres par son aspect.

La mégalopole ne peut pas se passer d'immeubles à très nombreux étages, ce qui s'explique en premier lieu par des raisons économiques. Aujourd'hui, les terrains à bâtir doivent être utilisés avec une efficacité et une efficience maximales, estime Vladimir Ressine. Le programme "Nouvelle ceinture de Moscou" prévoit que les gratte-ciel compteront plus de 30 étages, fait remarquer le responsable. Les édifices abriteront des logements, des bureaux, des hôtels, des centres de fitness et des magasins, qui se multiplient dans la capitale à une vitesse vertigineuse ces derniers temps, la ville espérant en retirer des bénéfices élevés. Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a plus d'une fois souligné que la capitale développerait ses activités d'investissement entre autres dans l'industrie du bâtiment. Les investisseurs participent volontiers aux projets de grande envergure liés à la construction d'immeubles, qui prévoient la création d'une infrastructure développée autour des nouveaux bâtiments. Parmi les investisseurs, on trouve des étrangers, notamment des Allemands et des Américains.

La construction de gratte-ciel est très compliquée sur le plan tant architectural que technique. Le système de protection anti-incendie et la marge de sécurité des constructions seront minutieusement calculés. "Nous nous sommes familiarisés avec l'expérience des Etats-Unis, de l'Europe, du Japon, de la Chine, de la Corée, nous avons invité des spécialistes très compétents", indique Vladimir Ressine. Les architectes russes et étrangers ont la chance de faire valoir leurs talents créateurs à Moscou : "Aujourd'hui, souligne le responsable, c'est l'architecte qui mène le bal, et non pas le technocrate ou le constructeur". Les négociations sur la conception de l'un des édifices à construire sont menées avec le Britannique Norman Foster, une sommité de l'architecture.

A la différence de leurs prédécesseurs érigés à l'époque stalinienne, khrouchtchévienne, brejnévienne et post-soviétique (c'est-à-dire, entre les années 1940 et 1990), les gratte-ciel d'aujourd'hui ne surgiront pas au centre-ville, dans les quartiers prestigieux, selon Vladimir Ressine. Ils seront construits dans tous les arrondissements de la capitale. Certains ont déjà été construits, d'autres sont en chantier, d'autres encore sont au stade de la conception, raconte le maire adjoint. La tâche suprême est de rendre ces immeubles confortables et propices à la vie, au travail et au repos, fait ressortir le responsable. Le territoire entourant les gratte-ciel sera aménagé parallèlement à la construction.

Chaque nouvel édifice représentera une dominante architecturale de l'arrondissement et, dans le même temps, il sera le centre de son développement. Le concept urbanistique de Moscou prévoira toujours des contrastes dans son paysage, souligne l'architecte en chef de la capitale, Alexandre Kouzmine, telle est la tradition architecturale ancienne de Moscou. La ville a régulièrement alterné, depuis des siècles, les bâtiments bas et hauts. "Nous avons défini les zones de la capitale qui seront toujours dominées soit par les monastères du Kremlin, soit par les gratte-ciel staliniens, soit par les nouveaux édifices", poursuit Alexandre Kouzmine.

Des projets ambitieux, logiques et nécessaires à une mégalopole aussi dynamique que Moscou. Cependant, il y a un hic. L'architecte en chef reconnaît lui-même que selon les sondages, seulement 15 pour cent des Moscovites souhaitent habiter dans un gratte-ciel. Il s'agit essentiellement de jeunes prêts à payer des sommes exorbitantes pour le prestige de leur habitat et pour le panorama superbe qu'ils pourront admirer de leurs fenêtres. "La minorité ne doit pas souffrir", ont jugé les architectes urbanistes, et le projet a démarré. Les moyens consacrés ne permettent pas de le suspendre. D'ailleurs, la question n'est pas même soulevée. "Les nouveaux gratte-ciel embelliront la ville", conclut Vladimir Ressine.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала