Intervention de Vladimir Poutine devant ses personnes de confiance

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Le 12 février 2004

Moscou, l'Université Lomonossov, 27 octobre (RIA-Novosti).

Chers amis!

Je tiens avant tout à remercier tous ceux qui se sont réunis dans cette salle et sont prêts à notre travail conjoint. Et, évidemment, je voudrais aussi remercier aujourd'hui chacun qui est prêt à m'épauler à la prochaine présidentielle.

On me demande souvent si je mènerai ma campagne électorale, et si je le fais, comment j'y procéderai.

Je suis convaincu que le Président en exercice ne doit pas se livrer à sa propre publicité - il aurait fallu le faire tout au long des quatre ans: convoquer des meetings, inventer toute sorte de beaux contes, beaux, mais parfaitement éloignés de notre vie réelle.

Quoi qu'il en soit, je crois tout simplement de mon devoir de rendre compte à mes électeurs et au pays tout entier de tout ce qui a été fait depuis ces dernières années. Je me dois aussi de dire aux gens ce que j'ai bien l'intention de faire dans les quatre ans qui viennent, si, évidemment, le 14 mars prochain, les citoyens de la Russie m'investissent de leur confiance.

Et c'est justement de cela, c'est-à-dire du travail effectué et des plans pour l'avenir, que je tiens à vous parler aujourd'hui.

"Le pouvoir a dû pratiquement sans cesse régler les problèmes quotidiens accumulés..."

Néanmoins, avant de rapporter ce qui a été fait, allons donc nous souvenir de l'état dans lequel notre pays se trouvait à la charnière des années 1999 et 2000. Rappelons-en également les causes. Quels facteurs s'étaient-ils alors répercutés sur cet état?

Le passage à la démocratie et à une économie de marché au début des années 1990 avait été appuyé de la façon la plus énergique et la plus décisive par les citoyens de la Russie qui avaient alors fait le choix définitif et, je tiens à souligner, irréversible en faveur de la liberté. C'était là un acquis immense et réel du peuple de Russie, sans doute, l'un des plus grands acquis de notre pays au XX-ème siècle.

Mais quel prix avons-nous dû payer pour cela? Les processus destructifs de la désagrégation de l'Etat avec la disparition de l'Union Soviétique s'étaient alors étendus - chose que l'on aurait pu et même dû prévoir - à la Fédération de Russie elle-même.

Des spéculations politiques sur l'aspiration tout à fait naturelle des gens à la démocratie, de très graves erreurs dans la réalisation même des réformes économiques et sociales s'étaient alors soldées par de lourdes conséquences. Pratiquement un tiers de la population du pays s'était alors retrouvé en-dessous du seuil de pauvreté. Bien plus, des arriérés de salaires, de retraites et d'allocations, retards de plusieurs mois, étaient devenus pratique courante dans le pays. Les gens avaient été effrayés, voire paniqués, par le défaut de paiement, la perte, du jour au lendemain, de toutes leurs épargnes et accumulations, ils ne croyaient même plus que l'Etat puisse respecter les plus minimes de ses engagements sociaux.

Le pays était enfiévré par des grèves de mineurs, d'instituteurs et d'autres salariés de la sphère budgétaire. Les taux d'impôt ne cessaient d'augmenter, alors que la politique fiscale dans son ensemble ne s'assignait à l'époque pour objectif qu'une simple survie.

Comme nous le savons bien, la plupart des grosses banques avaient fait faillite, et à l'issue de la crise de 1998, le système de crédit national a été pratiquement paralysé.

Qui plus est, le pays était tombé dans une dépendance humiliante face à des organisations financières internationales et des spéculateurs internationaux de tout genre. Réfléchissez-y: à la fin de 1999, la dette extérieure de la Russie constituait presque 90% du PIB.

Autant de facteurs évoqués associés au récent défaut de paiement ne permettaient certes pas oublier, un seul instant, une éventualité tout à fait réelle de nouveaux cataclysmes économiques.

La situation s'aggravait, en outre, par le fait qu'à ce temps, la Russie avait en grande parti perdu ses positions indépendantes dans l'arène internationale. D'autre part, ces forces dans le monde qui continuaient à vivre selon les stéréotypes de la "guerre froide" et, malgré leurs discours "flatteurs", considéraient toujours la Russie, comme leur adversaire politique, appuyaient par tous les moyens tout ce qui pouvait faire durer le plus longtemps possible cet état lamentable de notre pays.

Dans la politique intérieure, l'évolution de la situation n'a pas été, non plus, moins dramatique. La Constitution du pays et les lois fédérales avaient perdu dans bien des régions du pays leur qualité des actes de force juridique supérieure. Les Parlements régionaux adoptaient des lois qui allaient à l'encontre des principes constitutionnels et des normes fédérales. Les actes fédéraux n'étaient souvent appliqués que de façon sélective, soit au grès d'une telle ou telle personne. Une telle "concurrence" a eu pour conséquence inévitable un arbitraire pur et simple des autorités régionales, arbitraire dont les simples gens étaient les premières victimes.

La lutte pour des régimes économiques et financiers "particuliers" est devenue l'objet des marchandages permanents des régions avec le Centre fédéral. Il est même arrivé que certaines régions se sont pratiquement retrouvées en-dehors de l'unique système juridique, financier et fiscal de l'Etat, ont cessé de verser les impôts au budget fédéral, réclamaient leurs propres "réserves de change", leurs propres systèmes énergétiques et douaniers, leurs propres monnaies régionales.

Le résultat en a été l'inégalité économique des régions, et la conséquence - l'inégalité économique des citoyens. Pire, cela était même en train de devenir la norme. Le marché unique en gestation des marchandises et des services s'en désorganisait.

Les processus séparatistes qui couvaient en Russie depuis plusieurs années ne recevaient pas de réponse adéquate de la part du pouvoir, mais étaient, en revanche, énergiquement appuyés par des organisations extrémistes internationales pour dégénérer, finalement, au Caucase du Nord dans leur forme sans doute la plus dangereuse qu'est le terrorisme. Il s'agit notamment de la Tchétchénie.

Après la signature des Accords de Khassaviourt qui avaient pratiquement abandonné à leur sort tant la Tchétchénie elle-même que tout le peuple tchétchène, quelqu'un aurait cru que le cauchemar de la guerre civile s'était achevé. Quoi qu'il en soit, il n'en a été rien en réalité.

S'apercevant de notre faiblesse, se rendant bien compte de tout le relâchement du pouvoir et du déplorable état moral de la société dans son ensemble, en été 1999, de nombreuses bandes de terroristes internationaux sont naturellement allées encore plus loin. Leur insolence a été telle que les bandits n'ont même pas hésité à attaquer ouvertement le Daghestan, en perpétrant une agression pour détacher de la Russie et d'entraîner dans la zone de leur influence criminelle nos autres territoires.

Je pense qu'il est tout simplement inutile de dire à quel point cela a été dangereux pour le Caucase et pour la Russie en général, et surtout compte tenu de l'habitation compacte traditionnelle des peuples du Sud de la Russie et de certains territoires attenants au Sud de la Russie. Il suffit sans doute de se souvenir de la tragédie de la désagrégation de la Yougoslavie pour faire toutes les conclusions qui s'y imposent.

Je tiens à signaler que la Russie a toujours été une formation étatique plutôt compliquée, requérant, dirais-je, une attitude délicate, voire professionnelle. Mais, malheureusement, vers la fin des années 1990, et il faut bien le reconnaître, exposée à l'impact de tous les facteurs négatifs évoqués, la Russie s'est mise à perdre progressivement les signes essentiels d'un Etat unique.

Telle a été la situation à laquelle nous nous sommes confrontés, et c'est dans de telles conditions que nous avons dû parallèlement résoudre les problèmes les plus urgents de la vie de tous les jours et travailler pour former de nouvelles tendances de croissance à long terme. Somme toute, le pouvoir a dû pratiquement sans cesse régler les problèmes quotidiens accumulés, défendre l'intégrité du pays dans la lutte contre le séparatisme et le terrorisme international, tout en jetant les assises de notre avenir.

Aujourd'hui, je tiens à exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont défendu dans cette situation difficile les acquis démocratiques du peuple. A ceux qui n'ont pas capitulé devant les difficultés et qui par leur travail ont aidé le pays à se relever.

Nous sommes également tenus de garder dans notre mémoire le souvenir de ceux qui, dans un contexte marqué par l'incapacité pratique de l'Etat de protéger la sécurité de ses citoyens et son intégrité territoriale, ont jusqu'à la fin rempli leur devoir devant la Patrie. Au prix, malheureusement, de leurs propres vies, comme cela fut souvent le cas dans l'histoire de notre pays.

"Quatre ans de travail ardu et intense"

Quatre ans se sont écoulés depuis. Quatre ans de travail ardu et intense. Certes, on voudrait bien obtenir des résultats plus notables que ceux que nous enregistrons aujourd'hui. Et pourtant, ce qui a été accompli n'est pas négligeable.

Avant tout, l'ordre constitutionnel a été rétabli dans le pays, la verticale du pouvoir exécutif fédéral consolidée - au fond, elle a été refaite à nouveau. Le Parlement russe devient un organe législatif professionnel. L'espace juridique unique du pays a été reconstitué.

Les processus dangereux de dégradation du pouvoir d'Etat, d'affaiblissement de l'armée et de destruction des organes de sécurité et d'autres structures de force ont été enrayés. Des changements radicaux marquent le système judiciaire.

La situation économique a foncièrement changé. Depuis 1999, le PIB a augmenté de près de 30% (29,9) ; le taux d'inflation a été divisé par trois ; il n'est plus nécessaire de relever sans fin les taux d'impôt pour couvrir les besoins minimaux de l'Etat et, résultat, les compagnies de taille moyenne augmentent leur production une deuxième année d'affilée. Le pays compte des milliers d'entreprises efficaces. Sur le marché, la victoire commence à sourir à ceux qui fournissent un travail plus efficace et non à ceux qui tirent profit d'avantages économiquement injustifiés.

Cela signifie que les transformations de structure ont commencé, même si elles avancent lentement et avec difficulté. Elles se manifestent dans l'augmentation des investissements dans les immobilisations et, ce qui est très important, dans le développement du marché intérieur et la hausse de la consommation intérieure.

Je considère que l'une des réalisations fondamentales de ces dernières années est le recouvrement de notre indépendance financière et la stabilité du cours de la monnaie nationale, le rouble.

Le problème du remboursement de la dette extérieure a été pratiquement réglé. L'an dernier, comme dans les années précédentes, nous avons rempli l'ensemble de nos engagements financiers. En 2003, pour ne citer que cette période-là, nous avons versé 17 milliards de dollars et le pays ne s'en est même pas aperçu. Au total, durant ces années, la Russie a payé 50 milliards de dollars à titre de remboursement de la dette extérieure, intérêts compris.

Ce qui n'a pas empêché les réserves de change de la Banque centrale de culminer à plus de 84 milliards de dollars, un record historique, y compris pour la période soviétique.

Nous avons augmenté de plusieurs fois l'attrait de la Russie pour les investisseurs et l'attribution à notre pays d'une cote d'investissement en a été la confirmation directe.

Ces progrès économiques pour l'instant modestes mais évidents et positifs ont permis d'accomplir des premiers pas en vue de régler les problèmes sociaux et d'améliorer le niveau de vie de nos citoyens.

Dans certains secteurs de la production et dans certaines régions nous avons toujours affaire à des arriérés de salaires, même si ce problème a perdu le caractère national qui lui était propre il y a quelques années encore. Les retards dans le versement des pensions et des allocations sont déjà oubliés. Le salaire minimum a été relevé à quatre reprises ces 3 dernières années. Les grèves, en tant que phénomène de masse, ont disparu dans le pays.

A commencer par 2000, une dynamique positive de tous les principaux indices sociaux est constatée. Oui, le Gouvernement ne réussit pas dans tous les cas à prévenir la hausse économiquement injustifiée des prix. Il n'en reste pas moins que les revenus des citoyens progressent à un rythme supérieur. Et les chiffres que je vais citer et, remarquez, les chiffres "hors inflation", c'est-à-dire, compte tenu de la hausse des prix, des variations des cours des monnaies et d'autres facteurs le confirment.

Ainsi, le montant moyen des retraites a augmenté en termes réels de près de 90% depuis 1999. Les revenus réels de la population ont crû durant cette période de 1,5 fois. De manière conséquente, les salaires réels progressent d'année en année, ayant presque doublé depuis 1999. Je le répète encore une fois, il s'agit des revenus réels, car les indices absolus sont bien sûr nettement plus élevés.

Le chômage a reculé considérablement, de près d'un tiers. Le nombre des personnes dont les revenus sont encore inférieurs au minimum vital reste trop important, mais il s'est lui aussi réduit d'un tiers.

L'essentiel de ce que je voudrais faire ressortir aujourd'hui, c'est que le flou des perspectives, les incertitudes et l'impossibilité d'édifier des projets à long terme quittent notre quotidien. La société semble enfin être venue à bout de la peur des conséquences douloureuses des réformes.

N'oublions cependant pas non plus que parallèlement les gens se montrent toujours plus exigeants envers la qualité du fonctionnement de l'Etat, envers le niveau et la qualité de leur vie.

Je voudrais souligner que malgré l'ampleur des transformations, nous n'avons fait que créer un tremplin pour le développement économique du pays, tremplin qui nous permettra d'accéder à une qualité de la vie comparable aux pays développés et, partant, au prestige et à l'influence de la Russie qui seront dignes de notre histoire millénaire, de nos ressources intellectuelles, de nos possibilités de participer sur un pied d'égalité à la division internationale du travail.

"Le principal objectif de toute notre action est l'amélioration de la qualité de la vie"

Chers collègues,

J'ai énuméré ce que nous avons réussi à accomplir. Mais avons-nous fait tout ce que nous pouvions faire ? Certes, non. Pouvons-nous être satisfaits des résultats de notre travail ? Non.

Le principal objectif de toute notre action est l'amélioration de la qualité de la vie du peuple. Mais l'amélioration radicale ne surviendra que lorsque notre économie sera assez puissante pour ne dépendre ni des facteurs économiques extérieurs, ni des résultats des législatives ou de la présidentielle.

Entre-temps, les taux de croissance économique élevés ne sont toujours pas suffisants. L'appareil de l'Etat, en termes d'efficacité et de qualification de ses fonctionnaires, est peu efficace. La structure de l'économie n'est pas équilibrée. Les engagements sociaux ne sont pas toujours ciblés.

Il faut également reconnaître que certains voisins immédiats de la Russie et les pays d'Europe de l'Est ont accompli les transformations plus rapidement et avec une détermination plus grande. Il est à remarquer que de nombreuses conceptions élaborées par les experts russes pour la réforme de la retraite et des services communaux, de la Santé publique, dans la construction de logements et dans d'autres domaines n'ont pas seulement été examinées, mais aussi mises en oeuvre dans d'autres pays.

Notre économie reste orientée vers les matières premières. Certes, les richesses naturelles constituent un avantage naturel compétitif de la Russie. Il ne faut pas en avoir honte. Mais le potentiel intellectuel élevé de la nation est un de nos avantages naturels, et ce n'est pas le moindre. Il doit être mis en oeuvre pour faire progresser l'économie russe dans les secteurs des hautes technologies et des secteurs très rentables.

Notre marché des services se forme difficilement et lentement. Or, dans les pays avancés, ce marché apporte une contribution essentielle à l'accroissement du PIB. Chez nous, au contraire, le monopole de l'Etat sur les services subsiste dans des secteurs importants pour les citoyens comme les services communaux et certains autres. Il en résulte la mauvaise qualité des services, leurs prix augmentent et le mécontentement des citoyens grandit. En fait, l'homme paie deux voire trois fois: d'abord, les impôts, ensuite les services, puis les pots-de-vins.

La présence superflue de l'Etat dans l'économie a pour conséquence plusieurs autres facteurs négatifs. Tout d'abord, les fonctionnaires continuent à assumer, au nom de l'Etat, de nombreuses fonctions inutiles pour le contribuable: autorisation, octroi de licences, contrôle. Cela étouffe l'esprit d'initiative et provoque la corruption et les abus de pouvoir. Je tiens à souligner, une fois de plus, que, pour l'instant, l'efficacité de l'appareil d'Etat laisse à désirer. De nombreuses propositions raisonnables restent lettre morte et s'enlisent dans le marais bureaucratique du formalisme et de l'incompétence.

L'arbitraire administratif du système judiciaire est un sujet à part. La base propice aux actions non procédurales, non prévues par la loi, accomplies par les employés de divers organes et services subsiste.

Cependant, les citoyens ne sont pas "l'objet" de la machine répressive. L'Etat, y compris ses structures de force, doit oeuvrer avant tout pour ses citoyens et défendre leurs droits, leurs intérêts et leurs biens, sans parler de la protection de leur sécurité et de leur vie.

Il est utile de rappeler aujourd'hui que les bandits qui ont agi il y a 2 à 3 ans dans le Caucase du Nord ne s'attendaient pas à l'accroissement aussi rapide de la combativité de nos Forces armées et des unités spéciales dans la lutte contre le terrorisme. Ils ne s'attendaient pas à une telle cohésion de la société dans la défense des assises fondamentales de notre Etat. Malgré de nombreuses déclarations vantardes, ils ont essuyé un fiasco complet et une défaite totale dans le corps à corps. Lançant aujourd'hui des actes terroristes contre les civils, ils tentent de semer la panique, la crainte et la méfiance envers le pouvoir, de briser ainsi la volonté du peuple de la Russie dans la lutte pour le renforcement de la démocratie, de la liberté et de l'intégrité territoriale de notre pays.

Le FSB (Service fédéral de sécurité), le ministère de l'Intérieur et d'autres structures de force doivent continuer à mener un travail systémique en vue d'anéantir le réseau terroriste. Il faut accorder une attention particulière à l'efficacité des opérations, à la mise au point d'une tactique capable de prévenir les risques d'attentats.

Revenant aux problèmes courants, je dois dire que les transformations dans le domaine social s'effectuent très lentement chez nous. Le ralentissement des réformes de la Santé publique et de l'enseignement ne nous permet pas jusqu'à ce jour d'assurer la qualité nécessaire de ces services. Une bonne partie des courants financiers de ces secteurs reste dans l'ombre. Nous ne disposons en Russie d'aucun système développé d'assurance médicale, la concurrence sur le marché des services médicaux est inexistante.

En ce qui concerne l'enseignement, aujourd'hui, c'est le plus grand chapitre des dépenses du budget. La qualité de notre enseignement est traditionnellement élevée, mais elle baisse, il faut le reconnaître aussi. Les raisons sont nombreuses, entre autres, l'apparition d'un grand nombre d'écoles supérieures qui ne sont pas conformes aux critères de qualité et où il est facile d'entrer avec des "notes passables". La majorité écrasante des diplômés des écoles supérieures ne travaillent pas dans leur spécialité. Cela signifie que l'Etat ne s'en occupe pas et qu'une partie considérable des ressources budgétaires est dépensée à perte.

Le problème des logements requiert une attention particulière. L'absence ou la mauvaise qualité des logements a de nombreuses conséquences négatives: hypodynamisme, mauvaise santé des gens, réduction de la natalité.

Tous ces problèmes exigent des efforts supplémentaires. Il faut les régler sans tarder, dans les plus brefs délais.

"Où et comment chercher de nouvelles sources de croissance?"

Une question naturelle se pose: où et comment chercher de nouvelles sources de croissance? Tout d'abord, dans les nouvelles approches du développement du pays, dans l'unité de la société et du pouvoir, dans leur confiance mutuelle plus grande et la recherche commune de solutions aux grands problèmes d'importance nationale.

L'économie russe doit occuper fermement une place digne sur les marchés mondiaux. Pour y parvenir, il faut développer énergiquement notre marché national.

Il faut accélerer la modernisation des productions qui ont fait leur temps et en créer de nouvelles qui renforceraient la compétitivité du pays.

Il faut arrêter de gaspiller les ressources naturelles et réglementer leur utilisation. Il faut le faire sur une base juridique systématisée grâce à la rénovation de la législation nationale concernant les eaux et les forêts, ainsi que des actes réglementaires sur l'exploitation des sous-sols.

Nous avons besoin de conditions transparentes d'accès des ressources naturelles et d'un paiement équitable pour leur utilisation. Il faut que les ventes aux enchères remplacent les pseudoappels d'offres actuels où le rapprochement des hommes d'affaires des organes du pouvoir est devenue la principale condition de la victoire. Le système d'autorisations administratives doit céder sa place aux contrats de droit civil qui spécifient nettement les droits et les devoirs, tant de l'Etat que des milieux d'affaires.

Il importe aussi d'achever la modernisation des chemins de fer, du secteur énergétique, des logements et des équipements collectifs.

Nous devons enfin terminer la réforme fiscale. Il s'agit, avant tout, de baisser l'impôt social unique et de simplifier l'administration fiscale. Il faut mettre de l'ordre dans les impôts patrimoniaux, ainsi que dans toutes les questions d'imposition des surprofits des exportateurs de matières premières dans le contexte de leurs prix élevés dans le monde.

Dès que nous arriverons à alléger l'ensemble du fardeau fiscal, notre système d'imposition va sans doute acquérir la stabilité tant attendue. Et dans les plus brefs délais, il nous faudra le mettre en concordance avec les rapports interbudgétaires, ainsi qu'avec les processus actuels de répartition des compétences entre divers niveaux du pouvoir.

Il faut régler le problème de la convertibilité totale du rouble, d'autant plus que la confiance envers la monnaie nationale s'accroît progressivement.

Nous devons promouvoir le système financier du pays, afin que les entreprises et les particuliers puissent enfin profiter des avantages d'un marché développé des services financiers.

La politique de l'encouragement de l'épargne retraite des citoyens doit devenir un élément indispensable du développement et de la consolidation du système financier. Les gens commencent à se rendre compte que le montant de leur retraite sera fonction de l'apport individuel et que chacun a la possibilité de gérer son épargne retraite.

L'Etat doit non seulement garantir cette épargne mais aussi aider à l'accroître. L'objectif consiste donc à mettre sur pied des mécanismes d'encouragement financier des citoyens en matière d'assurance retraite. Je voudrais souligner que cette question est très sérieuse et que nous allons l'étudier minutieusement.

Comme je l'ai déjà dit, notre tâche primordiale consiste à régler le problème du logement. Il en existe trois moyens dont les crédits hypothécaires sont le moyen le plus prometteur, suivi du bail à long terme. Nous ne pouvons pas non plus oublier les besoins de ceux qui habitent dans les logements sociaux. Les charges d'entretien de ces logements pèsent sur les pouvoirs publics.

Je vais attirer votre attention aux crédits hypothécaires. Il n'est guère possible d'acheter au comptant un logement même dans les pays les plus développés. Les gens achètent des logements à crédit dont les remboursements s'étalent sur 10 ou 20 ans. Cela est désormais possible en Russie, mais le coût et les conditions du crédit les rendent toujours inabordables pour la plupart des citoyens. Il est nécessaire d'adopter une série de lois pour créer un marché de logements abordables.

Il est inadmissible de faire traîner le règlement de ces problèmes. Le gouvernement doit soumettre cette enveloppe de lois dès la session parlementaire de printemps.

"Seul l'homme libre peut assurer la prospérité de l'Etat".

Chers amis!

Nous devons mener jusqu'au bout le programme des réformes politiques. Je tiens à souligner que nos actions dans ce domaine seront aussi conséquentes que dans tout ce que nous avons fait depuis ces dernières années pour arriver à la stabilisation dans le pays.

Nous réaliserons la réforme des relations fédératives. Dans les années à venir, nous mènerons au bout les changements clés qui se poursuivent actuellement au niveau des collectivités locales. Chaque citoyen connaîtra le niveau et la qualité des services que doivent lui dispenser les niveaux concrets du pouvoir, mais pourra aussi et surtout les réclamer effectivement. Et il pourra, sans doute, influer directement sur la prise des décisions le concernant. Cette idée est à la base de l'enveloppe de lois que le parlement est en train d'examiner. A cette fin, il importe d'achever dans les meilleurs délais la mise en place d'une base juridique et de consacrer sur le plan législatif les principes mêmes des rapports interbudgétaires.

Nous renforcerons notre système politique avec esprit de suite tant au niveau fédéral que dans les régions. Je suis persuadé que nous avons besoin d'une concurrence politique civilisée pour assurer une évolution de l'Etat et de la société. Ce travail doit être épaulé par d'importants partis politiques, partis qui bénéficient du respect et de la confiance auprès de la population de notre pays.

Nous devons poursuivre nos efforts en vue de créer une société civile efficace. Je tiens à noter qu'une telle société est impensable sans médias libres et responsables. Mais des telles liberté et responsabilité des médias doivent avoir une base juridique et économique solide. Créer cette base est l'obligation de l'Etat.

Je suis sûr que seule une société civile développée peut garantir le respect des libertés démocratiques, des droits de l'homme et du citoyen et que seul l'homme libre peut assurer la croissance économique et la prospérité de l'Etat. Bref, ce sont l'alpha et l'oméga du succès et de la croissance économiques.

Je voudrais souligner que la liberté et les droits des citoyens sont une valeur suprême qui détermine le sens de l'activité de l'Etat.

Nous mènerons au bout les réformes du système judiciaire et des organes de maintien de l'ordre. Je considère ce secteur comme crucial pour l'établissement d'une démocratie réelle en Russie et pour le respect des droits constitutionnels des citoyens.

Pour conclure, je voudrais dire que les événements du début des années 1990 ont suscité de grandes espérances. La soif de réformes a provoqué un changement fondamental et dramatique de notre mode de vie. Il semblait parfois que la suite des chocs ne prendrait jamais fin. A présent, nous comprenons que l'époque d'incertitude et d'attente inquiète est révolue.

Nous entrons dans une nouvelle période, celle de création de conditions pour l'amélioration considérable de la qualité de vie. C'est une tâche difficile. Les autorités devront faire preuve de volonté politique et mener un dialogue honnête avec la société. La réalisation de cette tâche implique nos efforts conjoints.

La question se pose: pourrons-nous réaliser ce travail?

Les résultats de ces dernières années permettent de répondre par l'affirmative. Nous sommes capables de le faire et nous le ferons.

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